22/07/2004
Fondation Cartier,
Paris
Encore une affiche attrayante dans le cadre des soirées Nomades, avec ce soir deux improvisatrices de renom. Kaffe Matthews tout d’abord qui a déjà fait l’objet de quelques articles sur ce site, connue notamment pour ses concerts basés sur le sampling et le traitement en temps réel de sons environnants. La harpiste new-yorkaise Zeena Parkins ensuite, plus rare chez nous, a déjà collaboré avec des gens comme Lee Ranaldo (Sonic Youth), Jim’O Rourke, ou Ikue Mori, soit toute une scène impro-rock, tout en menant en parallèle des projets avec la danse et le cinéma. Dans un autre genre, elle participait au dernier album de Bjork (Vespertine), et était présente sur scène lors de la tournée de l’islandaise.
En faisant un petit retour sur la carrière de Zeena Parkins et l’étendue de son champ d’action, on comprend mieux ce genre d’affiche avec deux artistes qui sont finalement très complémentaires. Les deux femmes sont installées au centre de la salle, coussins, sièges de camping et chaise design étant disposés tout autour d’elles. Visuellement, la new-yorkaise volera un peu la vedette avec un jeu tout aussi impressionnant que les sons qu’elle sort de sa harpe électrique, Kaffe Matthews restant concentrée derrière son ordinateur qu’elle pilotait via un contrôleur lui permettant une plus grande réactivité qu’avec une simple souris.
Elles commencent très fort puisque souffles et petits grincements de cordes dégénéreront rapidement en grosse basse saturée façon rock improvisé. De petites séquences sont samplées par Kaffe Matthews qui les renvoie sous forme de boucle saturée sur laquelle Zeena Parkins surenchérit jusqu’à obtenir un magma bruitiste. Après ça, retour au calme avec un jeu de harpe un peu plus classique et de petits bruitages produits par le laptop, quelques bleeps et sortes de cris d’oiseaux. Petit à petit le jeu des deux artistes évolue, et Zeena Parkins se lance dans une alternance de calme et de fougue, créant une musique très contrastée et fracturée, jusqu’à la cassure définitive, laissant l’anglaise faire ce qu’elle veut de sa boucle de harpe. On obtiendra alors un superbe passage ambient où se crée un dialogue entre bleeps et harpe, et c’est dans ces moments que l’on profitait le mieux de l’installation quadriphonique, en se laissant surprendre par des bruits venant de toute part.
Ce fut là les deux styles principaux du concert, quelques part entre rock et electro-ambient, Zeena Parkins changeant régulièrement son jeu, utilisant un médiator ou une brosse, délaissant sa harpe pour une couverture de survie dont elle enveloppe son micro, ou se contentant de jouer d’effets en fin de concert. On aura droit à quelques moments un peu longs, difficilement évitable sur un concert improvisé de plus d’une heure, avec forcément des passages où les deux artistes se cherchent.
Si le public ce soir était particulièrement hétéroclite, la majorité fut suffisamment convaincue pour convaincre les deux musiciennes de nous offrir un rappel. Une sorte de compression de ce dont on venait de voir, concentré sur une petite dizaine de minute, de toute beauté.
le 23/07/2004