23/10/2004
Les Voûtes,
Paris
Soirée « carte blanche » offerte à Colleen en ce samedi soir aux Voûtes. La jeune parisienne avait, pour l’occasion, décidé de convier, avant son propre set, les sœurs Leclercq d’Half Asleep, belges déjà vues deux fois dans l’année à Paris et qui, aussi bien sur scène que sur disque, savent émouvoir par la simplicité touchante de leur songwriting.
Devant une assemblée fort bien garnie et disposée en demi-cercle dans de confortables sièges, Valérie et Oriane s’installèrent et commencèrent à dérouler leur chapelet intimiste de chansons introspectives, aux harmonies vocales magnifiquement soignées et à l’instrumentation délicatement ciselée (arpèges de guitare, mélodica). Bientôt rejointes, pour Sea Shells, par un batteur (ce qui délesta Oriane de la tâche, lui permettant d’être à une seconde guitare ou, ultérieurement, à la basse), le trio put se diriger alors vers un slowcore poignant venant, à point nommé, quelque peu diversifier leur champ musical. Plus généralement, Half Asleep témoigna de davantage d’assurance pendant ce concert, fruit de la petite expérience que le groupe possède maintenant ; cette assurance se traduisit, outre cette volonté de s’écarter du « pur » songwriting, par la volonté de prolonger la partie instrumentale de certains titres, là où, auparavant, les belges se seraient contentés d’en finir dès la fin du chant. En rappel, les sœurs Leclercq nous offrirent Kay, Then the Fallen Branches, probablement leur plus beau titre, où la beauté du contre-chant n’a d’égal que la grâce de la guitare, ce qui, a posteriori, nous permit de réviser notre appréciation générale du set qui nous avait, dans un premier temps, paru moins inspiré que lors de leur tout premier passage parisien.
Ce fut ensuite au tour de Colleen de prendre place. Si on connaît bien la musique de la jeune parisienne sur scène, cela faisait un an que nous n’avions assisté à une de ses prestations et il faut reconnaître que son approche scénique s’est heureusement diversifiée : des boîtes en bois à mi-chemin entre le toy piano et la percussion ethnique ont fait leur apparition, le violoncelle intervient plus fréquemment, les morceaux se sont rallongés. Partant, même si le procédé change peu d’un titre à l’autre (samples progressifs d’un nombre restreint d’instruments et superposition des boucles), le résultat se fait plus varié. Dans le dernier morceau avant rappel, l’enchevêtrement des échantillons parvint même à créer un drone à la fois touchant et travaillé, sincère et dense, dont on pensait qu’il ne pouvait qu’être l’apanage de formations à composition plurielle.
le 24/10/2004