Gravenhurst / The Konki Duet

Après avoir raté le concert de Gravenhurst à la Route du Rock cet été, on était bien décidé à ne pas manquer cette nouvelle occasion de voir cet artiste signé chez Warp qui produit une musique folk. Mis à part cette curiosité, les excellents échos de ce concert nous firent arriver au Café de la Danse tout à fait confiant. C’était aussi l’occasion de revoir The Konki Duet, pour la troisième fois en quatre mois...

C’est un peu de notre faute aussi. Les ayant vu, et ayant été parfaitement conquis par leur concert aux siestes toulousaines, on avait renouvelé l’expérience fin août au festival Feedback à La Villette. Il se trouve que le jeune trio parisien ouvrait la soirée au Café de la Danse en ce jour. On passera donc rapidement sur ce concert qui n’apportait rien de nouveau pour qui les avait vu récemment. Lorsque l’on entre dans la salle, le concert a déjà commencé. Niveau sonore modéré, plutôt adapté à la fragilité de leur musique. Par contre on les trouvera ce soir très sérieuses, trop appliquées, intimidée par la salle peut-être alors qu’elle était parfaitement décontractée à Toulouse en juillet, à moins que ce soit la pression et l’effet concert-promo suite à la sortie de leur album...
Du coup on a l’impression qu’elles ne parviennent pas à se libérer totalement, et même leur reprise de Queens of the Stone Age, qui reste le moment fort du concert, perd ce soir un peu de son effet. Cela dit ce concert ne remet pas du tout en cause notre opinion sur le groupe. Il s’agissait juste d’un jour sans.

Alors que l’on s’attendait à ce que Gravenhurst soit la tête d’affiche et joue en dernier, le voilà qui prend place juste après The Konki Duet. Contrairement au concert donné lors de la Route du Rock, Nick Talbot se produira seul sur scène ce soir, délivrant du coup une musique très proche de son album. Musique folk, seul avec sa guitare et sa voix particulièrement douce, semblant lancer parfois quelques bruitages avec ses pédales d’effets. On a l’impression que chaque morceau est un tube, son jeu est fin, net, sans bavures, les cordes sont tantôt grattées, tantôt pincées, pour un son plus franc, et gagnant en force. Il n’y a pas grand chose à en redire, c’est souvent très efficace et touchant, le bonhomme faisait preuve d’une simplicité attachante quand il nous parle de Bristol.
Il enchaînera avec le très beau The Diver, extrait de son album Flashlight Seasons paru chez Warp en juin, et terminera avec trois titres inédits au moment du concert puisque ces trois morceaux qui clôturaient le concert sont extrait de son nouvel EP, Black Holes in the Sand, avec dans l’ordre Diane, une reprise de Husker Dü, Flowers in our Hair, magnifique, puissant et contrasté morceau joué en finger—picking. Pour finir, le morceau titre de cet EP, un peu dans le même style, toujours très impressionnant, des boucles mélodiques samplées en direct, puis une rythmique lourde, et finalement il abandonne sa guitare et se met a genoux pour triturer ses effets pour un long final plus expérimental, dérangé, perturbé, mais fort séduisant.
On en attendait peut-être beaucoup, mais nous avons été copieusement servi. Une belle découverte, surprenante de la part de Warp, mais de haute volée.

La tête d’affiche c’était donc Don Nino, mais on ne s’attardera pas sur le sujet. Un chanteur qui en fait des tonnes, une impression de surcharge après l’épure de Gravenhurst, un manque flagrant de sincérité, bref un concert qui dans sa grande majorité nous ennuiera. On ne retiendra qu’un ou deux morceaux, comme par hasard des instrumentaux, et renseignements pris par la suite, extraits du dernier album.

Fabrice ALLARD
le 01/11/2004