20/11/2004
Bains::connective,
Bruxelles
Bains::connective / Kettel / Ontayso / Plexiphonic / Starfish Pool / Tim Koch
La tournée du label U-Cover ne passant pas par Paris, nous avions décidé d’aller à Bruxelles pour entendre les artistes de la passionnante structure flamande. La soirée de ce samedi, organisée par l’association Plexiphonic, était, qui plus est, la première de ce qui s’annonce comme un équivalent local des regrettées Infamous Labels parisiennes (heureux Belges !) et également le premier concert organisé aux Bains::connective, salle (qui fait aussi résidence d’artistes) aménagée dans les anciens Bains de Forest (l’une des communes formant la capitale belge) : le fond de la piscine a été recouvert d’un parquet puis d’une moquette et l’on prend donc place dans le bassin même, comme les artistes, disposés sur une sorte d’estrade occupant un tiers dudit bassin. Si l’impression était à la fois intrigante et attirante, l’organisation pourrait encore faire quelques progrès (horaires non respectés, line-up interverti sans que l’on en soit informé, problèmes techniques multiples) et surtout l’isolation devrait être parfaite car, en l’absence d’une complète couverture du toit, il faisait aussi froid dans la salle qu’à l’extérieur (soit une température voisine de zéro).
Alors qu’Ontayso était prévu à 23h30, on s’installe dans la piscine vers 23h pour assister à un DJ-set fort bien troussé par Koen Lybaert (label manager d’U-Cover et membre de la formation flamande) bientôt rejoint par un jeune homme au laptop. Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, ce dernier quitta la scène et on apprit alors qu’il s’agissait de Ten and Tracer qui venait de réaliser son set live, alors qu’il était à l’origine prévu en avant-dernier. Nous ne pourrons donc pas véritablement nous prononcer sur la qualité de sa prestation ne l’ayant écouté que de loin, persuadés qu’il s’agissait là d’un DJ-set.
Frustrés de ne jamais avoir pu assister à un live de Llips., on attendait avec impatience la prestation d’Ontayso. Dès les premières minutes, on sut qu’on ne serait pas déçu : installation d’une texture composite (Dave Vanderplas aux roulements de cymbales, Esther Santoyo aux claviers et Koen Lybaert aux machines), subtiles variations et profonde introspection. Insufflant d’infimes touches électroniques dans leur drone, les trois musiciens firent ainsi évoluer cette nappe en prenant toutefois bien soin de ne jamais brusquer la petite centaine d’auditeurs, blottis dans leurs manteaux. Dave Vanderplas tourna par moments le dos à l’assistance pour, de son saxophone soprane, insérer quelques notes chaleureuses (fort bienvenues, donc) et libres envolées avant de retourner à sa batterie pour fouetter, de ses balais, fûts et cymbales. Parfois, le ton semblait se durcir quand les sonorités synthétiques envoyées par Koen Lybaert se faisaient plus métalliques ou industrielles, mais, très vite, les nappes de clavier d’Esther Santoyo parvenaient à apaiser l’ensemble avant que le trio ne nous quittât sur un titre à la pulsation plus marquée.
Après une petite demi-heure de battement due, entre autres, à un problème technique (ce qui nous permit de passer au stand U-Cover où la quasi-intégralité du catalogue du label était vendue, plus le stock qu’ils avaient en tant que mailorder), Tim Koch débuta son set. Assis derrière son laptop, l’Australien nous livra une très bonne prestation faite de mariages de cliquetis et de nappes, d’unions de mélodies (beauté de l’aérienne mélopée de Vakohai) et de fines rythmiques ou de rencontres entre glitchs appuyés et cadences plus enlevées. Oeuvrant à la frontière entre electronica mélodique et indus-electronica, le musicien d’Adélaïde captiva par sa capacité à se renouveler d’un titre à l’autre en même temps qu’il intéressait par la fusion entre les différentes sonorités évoquées.
Enfin, ce fut au tour de Kettel de prendre place sur scène. Si le premier morceau débuta par une succession fort agréable de notes aériennes, comme une introduction à l’univers du musicien, les rythmiques intervinrent ensuite, souvent martelées mais jamais agressives. En même temps qu’un soin extrême était donc porté aux pulsations, les mélodies défilaient, oniriques à souhait, et ainsi, devant nos yeux et à nos oreilles, prenait véritablement corps la notion d’IDM, trop souvent galvaudée. Et, de fait, plusieurs danseurs se mouvaient tandis qu’une autre partie du public préférait rester strictement attentive à la musique, mais point de dédain d’une part ou d’autre, chacun trouvant son compte dans la musique de Kettel. Au bout de trois quarts d’heure de bonheur intense, le set du Néerlandais faiblit quelque peu dans ses quinze dernières minutes, les morceaux se faisant répétitifs et les rythmiques subissant d’étranges breaks (on suspecta des soucis techniques), mais on ne resta pas sur ce quart d’heure mitigé et préféra garder le souvenir d’une belle prestation qui vint conclure une très intéressante soirée.
le 23/11/2004