25/11/2004
Stuk,
Louvain
Isan / Stuk / To Rococo Rot
La dernière étape d’un beau mois de concerts electronica nous conduisait à Louvain, dans le dynamique centre culturel Stuk à l’impeccable programmation. Arrivés comme de coutume à 20h30, nous apprîmes qu’en raison d’une performance scénique se déroulant dans la salle voisine, le concert ne débuterait qu’à 21h45. Qu’à cela ne tienne, nous avons eu la chance de passer cette heure de battement au bar en compagnie d’Anthony Ryan et Robin Saville qui, comme on le pressentait, s’avèrent très sympathiques et ouverts à une discussion agréable à bâtons rompus. Le duo profite pleinement de sa petite tournée belge dont ceci constitue l’antépénultième date.
Nous les retrouvons ensuite sur scène pour un set logiquement fort proche de celui du festival Panoptica, où l’on ne remarquera que quelques changements et interversions de titres. L’assistance est attentive, le son parfait en dépit d’un léger excès de basses et l’atmosphère nettement plus chaude que lors du festival U-Cover de la semaine dernière. Dans cette configuration plus intimiste et en l’absence de visuels, nous nous sentons davantage happé par les ambiances du duo anglais que lors de leur prestation liégeoise. Les yeux mi-clos, nous nous laissons dériver avec bonheur au gré de mélopées d’une intense délicatesse, faites de nappes mélodiques ravissantes et d’une rythmique paisible et jamais ostentatoire. Les morceaux d’Isan, découpés en autant de comptines electronica bucoliques, permettent une réelle évasion par leur beauté profonde et une immédiateté qui n’est qu’apparente.
C’est ensuite au tour de To Rococo Rot de prendre place sur scène. Nous étions particulièrement ravi de pouvoir, pour la première fois, assister à leur prestation. Nous n’avons pas été déçu, même si l’on a pensé qu’un petit quelque chose manquait pour déclencher un réel enthousiasme.
Changement de style avec une musique à dominante organique charpentée autour de la batterie de Ronald Lippok (Tarwater, Static), délicatement mais fermement entreprise, sur laquelle se greffent les structures rythmiques et mélodiques de son frère Robert, cheville ouvrière du trio. Ce dernier prend soin de présenter quasiment tous les morceaux en racontant parfois leur genèse en détail, comme ce fut le cas pour l’extrait de l’album Kölner Brett interprété ce soir. La touche décisive vient sans doute de Stefan Schneider, qui alterne basse et claviers pour donner aux compositions cette délicieuse saveur typiquement germanique faite de minimalisme robotique et de chaleur jouissive.
La combinaison de textures synthétiques et d’instruments organiques fonctionne très bien, les compositions, variées, ayant tout pour accrocher l’attention en évitant tant les écueils de l’hermétisme que ceux de la facilité. Sachant à quel point le trio de Düsseldorf peut être considéré comme l’une des principales pierres d’angle de la captivante scène électronique d’outre-Rhin, on aurait toutefois souhaité être encore plus emballé par leur prestation, à l’instar par exemple de ce que peut offrir Mouse on Mars sur scène. Cela eût été le cas avec un brin plus d’audace et un développement plus ambitieux des morceaux. Il reste que l’énergie et la subtilité de ceux-ci se sont pleinement révélées ce soir et ont contribué à faire de ces deux concerts bien différents un réel moment de plaisir.
le 27/11/2004