(Karlrecords / Import)
29/09/2017
Electronique
Tout aussi prolixe que d’autres musiciens opérant dans le même registre, Giulio Aldinucci a ainsi livré, dans les douze mois écoulés depuis notre dernière chronique, trois albums partagés et un EP. Face à une telle profusion et comme on l’indiquait déjà l’an passé, on se réserve alors pour ses sorties solo et donc pour ce Borders And Ruins que Karlrecords propose en version vinyle et digitale. Voulu (le titre le signifie clairement) comme un travail sur les frontières, vues comme lieux de discrimination et de chaos, l’album met immédiatement l’auditeur dans ces dispositions puisque, dès le morceau d’ouverture, des vocalises se font entendre, comme des complaintes de migrants refoulés, tandis que la granulosité des nappes fait penser à des barbelés ou autres séparateurs dangereux.
Dans ce contexte, l’ambient de l’Italien se fait ouvertement anxiogène, allant chercher de la noirceur et un caractère sombre dans la complexité de ses empilements de couches sonores, mais aussi un peu mystique ou symbolique avec ces voix spectrales, à la limite du gémissement (Venus Of The Bees) ou du mantra psalmodié (le bien nommé The Pray (Dissonant Ascension)). Au surplus, les guitares saturées se chargent de remplir l’espace sonore et de rajouter une dimension opaque et tourmentée à l’ensemble. Dès lors, même en tâchant de ne pas surinterpréter les volontés d’Aldinucci ou de ne pas écouter ce Borders And Ruins qu’à l’aune de l’argumentaire qui l’accompagne, force est de ressentir de l’oppression face à ces propositions musicales.
Au bout du disque (au bout du voyage ?), les interventions humaines semblent se faire plus rassurantes, presqu’extatiques, comme si les frontières avaient été, sinon abolies, du moins traversées et que les chœurs féminins chantaient leur satisfaction, soutenues par quelques notes cristallines (The Skype Cloud And Your Smile On The Left).
le 01/12/2017