Bag of Spoon #3 : Samara Lubelski + Taurpis Tula + MV & EE Medicine Show

En plus de son annuel festival que nous avons déjà pu évoquer dans ces pages, le label parisien Textile a mis sur pied, depuis le mois d’octobre, de mensuelles soirées intitulées Bag of Spoon où sont invités artistes signés sur le label et groupes en communion d’esprit avec celui-ci. En ce pluvieux samedi de décembre, la troisième du nom était organisée aux Instants Chavirés avec trois lives au programme : Samara Lubelski, Taurpis Tula et MV & EE Medicine Show.

Devant une assistance modestement garnie, Samara Lubelski prit place sur scène. Armée de sa seule guitare électrique fortement réverbérée, l’états-unienne nous offrit une prestation d’une petite demi-heure où elle aligna une dizaine de chansons d’americana traditionnelle de sa voix quasiment détimbrée. Si le charme opèra sur deux ou trois titres, une trop grande similitude entre les chansons (mêmes arpèges à 8 avec changement de basse, façon de chanter rendant difficile la différenciation entre les mélodies) empêcha d’emporter finalement le morceau.

Ce fut ensuite le tour de Taurpis Tula, duo pour lequel nous nous déplacions principalement. Tous les deux installés à la guitare électrique, Heather Leigh Murray (de Charalambides) et David Keenan (ex-Telstar Ponies et éditeur de Wire) nous proposèrent une musique captivante, à mi-chemin entre free-folk et drone minimal. Tandis que David installait une texture en usant d’un archet sur sa six-cordes, Heather effectuait quelques vocalises quasi-extatiques, nous plongeant d’emblée dans une ambiance inquiétante, presque fantomatique, mais en même temps très chaleureuse. Mettant en boucle les nappes ainsi confectionnés, le musicien anglais se vit rejoindre par sa comparse qui, à l’aide d’un bottleneck en verre, superposa ses propres boucles à celles déjà en place. Faisant lentement évoluer l’agrégat ainsi obtenu, les artistes nous enveloppèrent littéralement avant que, dans le dernier tiers de la prestation, David ne se mette à jouer des petites notes, telles un solo alangui, et qu’Heather n’opte pour des accords grattés pour un excellent résultat.

Troisième live de la soirée, MV & EE Medicine Show évoluèrent également dans un registre drone, mais plus proche de la free-country : aux guitares électriques étaient préférés une six-cordes acoustique, un banjo, une mandoline et un harmonica. Entre les deux musiciens principaux, assis sur des chaises et chantant, un troisième larron, assis par terre, travaillait les sons produits par ses camarades ou frottait un bol en cuivre pour créer une nappe. Nettement moins captivés par ce set (le mélange entre le chant à deux voix et la musique country ne nous emballa guère), nous quittâmes, pour ce soir, les Instants Chavirés en préférant rester sur la note extrêmement positive que constitua le concert de Taurpis Tula.

François Bousquet
le 19/12/2004