10/01/2005
Librairie Citizen George,
Bruxelles
Auteur d’un formidable album paru il y a quelques mois sur l’excellent label Kranky, Adam Wiltzie, qui réside depuis 4 ans à Bruxelles, était convié à présenter les morceaux qui le composent, en compagnie de sa comparse Christina Vantzos, dans un lieu inhabituel, à savoir la librairie où il travaille. La petite centaine de personnes curieuses et "branchées" qui avait fait le déplacement aura assisté à un concert qui restera sans nul doute parmi les meilleurs de ceux que cette année naissante nous permettra de vivre.
L’entrée en matière est offerte par un certain Vinz, régional de l’étape, qui proposera, avec l’aide d’un complice maniant fort bien la rhythm guitar, un songwriting allant du folk un brin poisseux à une new wave dark bien mise en valeur par sa voix à la fois légère et caverneuse. Un set fort sympathique, bénéficiant entre autres de l’héritage Minimal Compact et ponctué d’une reprise rèche du fameux Smalltown Boy de Bronski Beat.
Arrivent ensuite Adam et Christina et commence une plongée dans un univers en suspension, guidée en permanence par des projections superbes que l’on retrouve sur le DVD qui accompagne le disque. Motifs géométriques colorés, étendue d’eau laissant miroiter des taches argentées, l’écran nous convie à une évasion relaxante.
Les compositions, que nous découvrions ce soir, sont principalement l’oeuvre d’Adam Wiltzie mais interprétées également par la jolie Christina Vantzos. Elles s’avèrent un enchantement permanent, avec quelques passages véritablement magiques en points d’orgue. Le pédigrée de l’auteur, membre de Stars of the Lid et d’Aix Em Klemm, le laissait pressentir : nous pénétrons avec lui dans un royaume rarement exploré avec conviction, celui de l’ambient. Le mot prend tout son sens ici, tant les nappes forgées par les claviers (Wurlitzer, Mellowtron) ainsi qu’au moyen de divers effets subtilement greffés sur elles (dont, à une occasion, une superbe scansion vocale de Christina) génèrent un sentiment de plénitude apaisante.
Cette musique est belle, tout simplement. Simple peut-être en apparence, mais induisant un résultat plein de magie et de complexité, elle touche au coeur de ce qui peut constituer l’émotion que procure la plongée complète dans le son. Le public ne s’y est pas trompé, restant silencieux et immobile, comme happé au centre même de ces notes lentes, profondes et glissantes, s’imprimant durablement dans l’oreille et dans l’âme. Qu’il ait pu y avoir des transitions un brin moins convaincantes n’enlève rien à l’amplitude émouvante et passablement enivrante de la demi-douzaine de pièces, agréablement étirées par rapport à l’album, qui permirent le voyage auditif de ce soir.
The Dead Texan, dont l’on ne peut que répéter combien l’album est magnifique, a confirmé ce soir, pour notre plus grand bonheur, qu’il y a encore une place en ce monde pour une musique hors du temps, hors des modes, hors des normes et ô combien indispensable.
le 11/01/2005