21/01/2005
Project 101,
Paris
Quoi de mieux que de terminer sa semaine de travail par une petite virée au Project 101 pour un concert comme on les aime ? Cette fois le déplacement était motivé par la présence de Personal Computer Music que l’on ne connaissait pas, mais dont la description sur le site de la salle nous éclairait un peu. Il s’agit du projet de François-Eudes Chanfrault et Aurélien Delamour, le premier de ces deux hommes ayant participé aux bandes originales de Haute Tension (réalisé par Alexandre Aja avec Cécile de France et Philippe Nahon) puis de Qui a tué Bambi ? (réalisé par Gilles Marchand avec Sophie Quinton et Laurent Lucas), ou composé des musiques pour la danse, notamment pour la chorégraphe Blanca Li. Ayant beaucoup apprécié ces films, nous voulions naturellement tester l’expérience sonore nettoyée de toute influence visuelle.
On retrouve l’atmosphère chaleureuse de la salle, moyennement remplie en ce vendredi soir, et le concert débute sous peu, dans une veine ambient minimale fort agréable. Les deux hommes sont rivés derrière leur laptop mais ont l’air d’avoir l’habitude de travailler ensemble et paraissent fort complices ce qui est suffisamment rare dans ce genre de musique pour être noté.
Si la première partie de leur concert reste dans un style toujours très calme, cela ne veut pas dire qu’il s’agisse toujours de la même chose, bien au contraire. Ils commencent par des souffles et sifflements aigus, puis des éléments rythmique font leur apparition dans une veine click’n cut, soulignés de quelques basses bien profondes. Un style qui se confirmera par la suite, en mettant l’accent sur l’épure et produisant alors une sorte de techno minimale du plus bel effet, franchement addictive et hypnotique. Et puis la formation classique de Chanfrault s’impose ensuite avec une pièce à mi-chemin entre néo-classique et electronica, avec un piano contenu, quelques souffles, nappes, et une lente montée de clicks ponctuée de quelques déferlantes de basses. Un peu plus tard ce sont des cordes qui se faufilent entre des textures faites de souffles et de bruits avant de revenir à des rythmiques minimales pour terminer cette première partie.
Après une courte pause, juste le temps nécessaire pour faire le plein au bar, les deux hommes échangent leur place pour aborder la deuxième partie du concert. Ils dessinent un doux tapis cotonneux fait de nappes synthétiques d’où s’élèvent quelques pics de guitares rugueuses, comme de graves plaintes vrombissantes, nous faisant penser à un Pan American à la violence contenue. Et puis on terminera avec le bouquet final : les deux hommes nous annoncent qu’ils vont finir par un morceau de trance allemande, tout en avouant qu’ils n’y connaissent pas grand chose dans le domaine. Le morceau en question durera pas loin d’une demi heure, débutant par des nappes mêlant électronique et choeurs, puis amenant tout doucement l’ensemble de la partie rythmique pour une longue et fabuleuse montée suivie du break ad hoc avant le virage clairement techno aux basses délicieusement acides. En ne pourra s’empêcher de rigoler en voyant ces deux hommes s’éclater en produisant cette pièce dansante, que l’on prendra d’ailleurs au second degré, d’une efficacité troublante et prouvant, après leur première partie expérimentale, qu’ils maîtrisaient parfaitement leur sujet.
Bref, ce fut une nouvelle fois une excellente soirée, avec un concert de plus d’1h30 abordant différents styles avec une qualité constante. La confirmation d’un a priori positif que l’on espère revoir prochainement, en concert ou de nouveau en guise d’habillage sonore d’un long-métrage.
le 26/01/2005