Shuttle358

N’ayant laissé passer que trois ans depuis son précédent long-format (contre onze pour l’intervalle d’avant), Shuttle358 profite de ce nouvel album pour renouer avec l’électronique minimale qu’il avait développé sur Chessa. Bribes mélodiques, petits glitchs, apparitions vocales fragmentées, nappes grésillantes et micro-larsens sont ainsi convoqués sur les onze morceaux de Field, dans un geste qui était autrefois typique de 12k mais que le label de New-York avait tendance à délaisser ces derniers temps.

C’est donc avec un certain regain d’intérêt qu’on explore ce disque (publié en vinyle et format digital), apparaissant dans un contexte moins embouteillé que dans les années 2000. Et cet intérêt ne se trouve nullement douché, Dan Abrams étant toujours parfaitement capable de livrer de très belles pièces, constellant ses textures de poussières chromatiques, impeccablement saupoudrées sur un tapis soyeux (Edule). Le Californien offre également de belles combinaisons de tapotements et petits apports percussifs (Divide) ou des alliages mettant aux prises granulosités, crépitements et autres bruissements (Farming).

Naturellement, l’aptitude du musicien à jouer sur le caractère tournoyant de ses nappes n’a pas disparu avec cet album ; plus encore, il sait, au sein du même morceau, combiner texture circulaire d’arrière-plan et mini-rythmique répétitive (Sea) ou bien souffle lointain et sonorité acérée (Blue). Tout cela contribue à faire de Field une belle réussite, alliage pertinent des différentes facettes de cette remarquable electronica minimaliste.

François Bousquet
le 14/02/2018