Autechre

 date du concert

18/04/2001

 salle

Botanique,
Bruxelles

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Autechre / Botanique

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Autechre
Botanique

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Il est très difficile de précéder un concert d’Autechre. Haswell et Team Doyobi l’ont appris à leurs dépens : le public du Botanique, nombreux (concert sold out, soit environ 400 personnes), ne s’est pas du tout montré attentif à leurs prestations, allant et venant, se préparant avec délectation à retrouver ses maîtres.
A raison, car lesdites prestations n’étaient absolument pas convaincantes, sans être radicalement nulles pour autant. Ne nous apesantissons pas sur l’accessoire...

Un concert d’Autechre est tout entier dévoué à la musique. Rien ne doit en distraire l’auditeur, d’où, comme à l’accoutumée, une salle plongée dans le noir et l’absence totale de spectacle visuel. Tout bénéfice pour ceux qui, comme moi, aiment à fermer complètement leurs portes à toute influence extérieure lors d’une cérémonie de cet acabit !
Sean Booth et Rob Brown ont en effet, si on les "compare" à tant de leurs collègues, la particularité de creuser au plus profond la notion de son. C’est de cela avant tout que procède le grand impact de leurs compositions, ce dont atteste le nombre de spectateurs dont tous n’étaient certainement pas de fins connaisseurs mais qui dans l’ensemble ont su, il convient de le souligner, se montrer disciplinés et respectueux.

Cette recherche constante de perfection sonore placera toujours ce duo un peu en marge du reste des troupes : ils veulent atteindre un effet non pas seulement au moyen des morceaux pris en tant que tels, mais de chaque son pris individuellement. D’où un effet surmultiplié, changeant, mouvant, parfois contradictoire mais d’une pénétrante densité...

Force est toutefois de noter, après ce concert, que cette démarche comporte les défauts de ses qualités. A trop vouloir en faire, on a parfois tendance à perdre le fil de la spontanéité et à noyer l’auditeur dans un écheveau alambiqué dont il sort perplexe.
Il est remarquable qu’aucun des amateurs présents n’était pleinement satisfait, et qu’au-delà des difficultés ressenties à traduire en mots ce sentiment diffus, la même impression dominait : outre les imperfections de réglage du son, toujours inévitables, le parti-pris fondamental du duo pouvait laisser sceptique. Trop de structures convenues, attendues, peu innovantes. Un manque flagrant de mélodies, qui fait regretter l’époque des trois premiers albums. Des rythmes dont on sentait trop le caractère répétitif derrière les variations de façade. L’émotion n’est pas en cause, dès lors que Chiastic Slide et plus encore LP 5 nous avaient appris à ne plus trop l’escompter ; malheureusement, il était également difficile de s’en remettre à une prétendue recherche formelle, tant celle-ci ne peut que laisser insatisfait de la part de musiciens que l’on a connus nettement plus inspirés.

Que faut-il conclure ? Sûrement rien de définitif. Il s’agit toujours de deux artistes extrêmement talentueux, mais qui ont peut-être tendance à se répéter un peu et peinent à trouver une direction radicalement novatrice à leurs recherches. Ce qui, compte tenu de la perfection de leurs travaux passés, ne peut que nuire à la perception de ceux qu’ils nous offrent aujourd’hui...
Une prestation en demi-teinte donc (mais la barre était placée très haut !). Attendons d’écouter Confield pour affermir notre opinion, qui ne doit de toute façon pas être définitive.

Gilles Genicot
le 25/04/2001

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