15/02/2005
Stuk,
Louvain
Le Stuk, centre culturel louvaniste dont nous avons déjà eu l’occasion de dire le plus grand bien, propose en plein milieu de l’hiver une semaine on ne peut plus alléchante puisque s’y succèdent Jamie Lidell, Pan Sonic, Ryoji Ikeda, Rechenzentrum, Ming et Christian Fennesz. Le tout constitue le festival Artefact, qui en est à sa troisième édition. S’y ajoutent dans ce cadre installations, performances diverses (théâtre, danse), ateliers et lectures qui témoignent de la vitalité du lieu.
Première soirée pour nous, dans l’une des deux salles principales du complexe, avec d’abord la découverte de Discodesafinado, nouveaux venus et régionaux de l’étape. Senjan Jansen et Joris Vermeiren ont accroché l’assistance avec une techno souple et rythmée, dépourvue de toute vulgarité et comportant de réguliers développements permettant de maintenir l’attention. Installés au centre de la salle de part et d’autre d’une table sur laquelles leurs machines étaient disposées, les deux compères ont délivré une pièce unique de 3/4 d’heure faite d’un rythme soutenu, sans être agressif, et de motifs sonores variés comprenant notamment roulements de batterie, structures minimalistes enjouées et balayage synthétique. Un set bien agréable, qui fit tapoter du pied et dodeliner de la tête.
Mika Vainio et Ilpo Väisänen prennent ensuite place sur la scène devant leur attirail à la fois sobre et mystérieux. Nous avions eu l’occasion de les voir au mois d’octobre dernier à Paris et avions été enchantés. Mais la prestation de ce soir nous a semblé encore plus convaincante, en raison d’une plus grande cohérence, d’un propos plus construit, plus serré, pour tout dire plus pertinent - à moins que nous y fussions plus réceptif ce soir, ce qui est possible. Nous avons eu l’impression d’une plongée au coeur même du son "made in Pan Sonic" ne laissant aucune place aux divagations stériles. La musique du duo emplit l’espace avec une densité impressionnante, tant et si bien que pour y échapper - ce que d’aucuns auront été tentés de faire - il fallait sortir de l’arène. Rester, c’était s’exposer à être religieusement captivé par les structures complexes, aventureuses et jamais hermétiques qu’ont proposées les Finlandais.
Devant un écran sur lequel une barre noire frémit, tressaute, se tord et se distend en parfaite adéquation avec la musique, nous navigâmes de sourdes pulsions en vrombissements tectoniques et de rythmes sombres et dansants en grésillements fracturés. Nous ne sommes complètement rentré dans le set qu’après son premier tiers, mais à ce moment et jusqu’à la fin, nous nous sommes senti happé dans ce tourbillonnement sonore très élaboré, suivant les ondulations et accompagnant l’ossature des morceaux. La musique de Pan Sonic semble avoir atteint sa pleine maturité et s’être quelque peu libérée de son carcan abstrait originel pour déployer toutes les facettes qui la composent. Elle revêt indubitablement un caractère unique qui prend toute son ampleur lors d’un set long, touffu et maîtrisé comme celui-ci, en bénéficiant qui plus est d’un son impeccable quoiqu’un peu fort.
Ce premier déplacement dans la cité universitaire brabançonne aura donc tenu toutes ses promesses. La suite du programme demain pour la découverte que l’on espère marquante de Ryoji Ikeda.
le 16/02/2005