25/02/2005
Stuk,
Louvain
Après le festival Artefact, qui s’est terminé sur une prestation de Fennesz à laquelle nous n’avons pu assister mais dont nous avons eu des échos décevants, l’intéressant programme louvaniste se prolonge avec la découverte d’Efterklang, dont nous n’avions pas entendu la moindre note auparavant mais dont l’album nous avait été vanté avec enthousiasme - et à très juste titre - pour ce premier concert d’une courte tournée belge.
En hors-d’oeuvre, nous découvrons le trio flamand Silur, dont le nom laisse à penser qu’ils vouent un culte à Tarwater. C’est pourtant avec un t-shirt de Mono que le guitariste se présente, accompagné d’un acolyte au laptop et d’un troisième larron qui alternera entre générateur d’effets et basse. Nous avons eu un peu de mal à rentrer dans le set, les premiers morceaux se révélant assez abstraits et un peu ennuyeux, mais au final nous avons bien apprécié leur prestation.
Construite autour d’un dialogue entre textures électroniques allant du fragile au rythmé et accords de guitare sombres et profonds, la musique de Silur oscille entre une sorte de post-rock electronica à la Kreidler et des passages plus accentués, que la rythmique précise et chaloupée rapproche d’un dub électronique comme on en trouvait chez Planet Dog ou Rising High. Révélant de nombreuses influences revendiquées (Tortoise, Mouse on Mars, Oval, To Rococo Rot) sans se départir de climats originaux, Silur constitue une agréable découverte.
Après un intermède plus long que prévu, au cours duquel la pléthore d’instruments du combo danois fut minutieusement installée, Efterklang fait son entrée. D’emblée, le groupe dégage une sympathie certaine. Jeunes, sans prétention et immergés dans leurs compositions, les 8 membres feront preuve, durant ce set d’1 heure 20, d’une impressionnante synergie.
La musique d’Efterklang n’est pas facile à décrire, même s’il est permis de lui trouver des accointances avec celle de Rachel’s, Jessamine, Füxa ou Sigur Ros. Sur un discret traitement laptop et une batterie délicatement frappée se posent de lentes notes de claviers (au nombre de deux), de graciles arpèges de guitare et surtout les cuivres (trombone et trompette) ainsi que le violon manié avec conviction par le seul membre féminin du groupe.
Ces derniers instruments donnent en définitive la coloration principale des compositions douces, soyeuses mais fortes d’Efterklang (littéralement "après le son"), dont les climats éthérés et complexes témoignent indéniablement de la grande maturité de ses nombreux auteurs. Le chant murmuré, les yeux clos, tandis que chacun des musiciens se concentre sur une partition qu’il délivre de manière subtile et inspirée ou, s’il s’agit d’un passage où il ne joue pas, observe avec attention et connivence ses acolytes ; l’osmose visible de ces jeunes gens qui savent allier force et délicatesse, précision et émotion, et dont plusieurs n’hésitent pas à intervertir leurs instruments, chose qui selon nous ajoute toujours de l’intérêt ; tout cela a contribué à faire de la dizaine de longues pièces interprétées ce soir une sorte de magie scandinave qui a enveloppé un public visiblement conquis.
N’oublions pas les projections, classiques mais ajoutant un plus appréciable : essentiellement des scènes de films, majoritairement en noir et blanc et montées en boucle, mais aussi des jeux géométriques sur lignes colorées.
Efterklang constitue sans nul doute une découverte majeure. L’album Tripper, sorti chez Leaf fin 2004, s’avère un enchantement plus poignant encore et sera bientôt chroniqué dans ces pages.
le 26/02/2005