17/03/2005
Boule Noire,
Paris
Petite soirée découverte pour voir Innocent X en concert, alors qu’une écoute rapide et partielle de leur deuxième album, Fugues, laissait présager de bonnes choses. On y reviendra donc prochainement. Pour l’heure, c’était l’occasion de voir comment ce groupe se comportait sur scène, et comment leur musique se présentait dans un contexte live.
On arrive à la Boule Noire vers 21h, prévoyant un début de concert dans ces heures. En effet, à peine nous dirigeons nous vers le bar que les lumières s’éteignent, provoquant un mouvement de foule vers la scène. Foule d’ailleurs toute relative puisque la Boule Noire devait n’être qu’à moitié remplie, avec un public qui, en gros, se partageait entre amis du groupe, et invités...
Innocent X est un trio formé par un batteur et deux guitaristes placés de part et d’autre de la scène. Le concert débute tout doucement, une note répétitive, de timides nappes grinçantes, des craquements, bref, on est en apesanteur. Quand la première mélodie fait son apparition, lente, posée, gracile, c’est le silence complet dans la salle. Suspense, tension parfaitement mise en place, alternance de beauté éclatante et de sombres bruitages, séquences improvisées, drone, souffles et chuintements et rapide décollage rock avec des guitares plus incisives, larsens, et l’inévitable rythmique qui mène la danse. La musique d’Innocent X est insaisissable, parfois très carrées comme ce premier morceau qui, une fois sa vitesse de croisière atteinte, taille dans le vif, pour ensuite partir dans d’abstraites expérimentations mêlant boucles enregistrées, riffs de guitare impromptus, et rythmique au bon vouloir du batteur.
Au final, le groupe donne l’impression de compiler tous les types de post-rock, mais sans jamais vraiment copier non plus. On peu penser à Labradford dans les moments les plus calmes, Mogwai ou Godspeed You ! Black Emperor lors de montées soniques merveilleusement mélodiques qui ne sont ici jamais systématiques, et à la rigueur à Tortoise pour l’impro, bien que l’on pense plus franchement à du jazz improvisé lors de passages bien précis. Et puis comme cela arrive parfois dans le genre, des influences 70s, avec guitares flottantes et philosophie new-age, poussant même un membre du public à hurler le nom des Pink Floyd. Le concert se déroule sans accroc, alternant joliment efficacité et breaks plus recherchés, passant d’une douceur relative à des guitares plus aiguisées, d’une batterie rock sans concession à des rythmiques plus alambiquées mais toujours fermes.
Et puis voilà que le groupe annonce l’arrivée de France Cartigny. La guitare devient alors timide, laissant la chanteuse poser sa petite voix, plus enfantine, naïve voire même timorée que fragile. Le problème c’est que la demoiselle n’a rien à dire, et que son chant n’apporte rien, si ce n’est casser l’ambiance. Elle reviendra sur un titre du rappel, plus réussi, se contentant de parler sur une guitare claire et répétitive que la batterie finit par emporter. Le rappel sera d’ailleurs très long, avec un très beau morceau fidèle à la richesse de ce concert, et un tout dernier qui restera plus anecdotique pour au final frôler les deux heures de concert.
Cela reste unune belle découverte, et nous verrons prochainement si l’on retrouve cette richesse sur l’album.
le 20/03/2005