10/03/2005
Cave 12,
Genève
Masami Akita, avec son teint blafard et sa chevelure noir de corbeau, ferait un excellent fantôme. Il joue dans la pénombre, caché derrière ses deux laptops. Il n’y aura pas de gestes inutiles durant tout le concert, le jeu de scène se réduisant à se tourner alternativement vers l’un ou l’autre des deux écrans.
Dans les concerts d’autres artistes noise, que ce soit Incapacitants ou le digne représentant parisien du genre, Fred Nipi, il y a toujours ce moment où un tour de potentiomètre déclenche une déflagration sonore que l’on ressent comme une décharge d’énergie. Merzbow a capturé cet instant, et nous le passe en boucle, dans une atmosphère que la mécanique de la répétition rend pesante.
Puis les couches de bruit se superposent, se recouvrent telles des couches de peinture qu’un peintre appliquait sur sa toile, revenant sans cesse à son ouvrage. On ne perçoit plus les premières, mais leur souvenir est encore là et, sans que l’on sache très bien comment, influe sur ce qui est donné à nos sens au moment présent.
La grande affaire de la musique de Merzbow ce soir, c’est l’étirement du temps. Elle est sans aucun doute hypnotique, mais (alors que ce terme désigne souvent une musique qui endort ses auditeurs) les sons n’ont aucun caractère agréable, et tiennent l’oreille en éveil face à leur micro-variations.
le 29/03/2005