Tarwater / Anne Laplantine

Malgré les échos négatifs que l’on a pu avoir du dernier album de Tarwater paru chez Morr Music, y compris sur ces pages, on s’est tout de même décidé au dernier moment à aller au Café de la Danse pour revoir les Allemands que l’on n’avait pas vu depuis plus de deux ans. C’était aussi l’occasion de revoir Anne Laplantine, un peu disparue de la scène musicale parisienne depuis qu’elle est partie vivre à Berlin.

Comme souvent au Café de la Danse, ça ne traîne pas. On s’installe, on papote un peu avec ses voisins, et voilà que la frêle Anne Laplantine prend place, assise sur une chaise, la guitare sur les genoux, une console de mixage devant elle et apparemment de quoi lancer quelques structures de base et samples en fond sonore. Un chant enregistré se déroule d’étrange manière, Anne gratouille sa guitare et produit des petites phrases mélodiques qu’elle sample avec ses pédales d’effet. Elle construit, déconstruit, superpose, sans jamais perdre le sens mélodique ou rythmique de ce qu’elle ébauche. Elle s’amuse à terminer ses morceaux cut-up en plein milieu d’une note ou produit quelques cassures plutôt bien venues au milieu de ces petites chansons pop atypiques. Atypiques parce que ce n’est pas elle qui chante, mais surtout en raison de ces voix hésitantes, malmenées, subissant divers traitements, dans des langues souvent incompréhensibles.
Pourtant cela fonctionne à merveille. Si sa façon de faire n’est pas habituelle, si tout n’est pas carré, si ces chants sortent d’on ne sait où, son concert dégage quelque chose qui tient de la sensibilité et de la fragilité. Bref, nous n’attendions pas grand chose de ce concert et force est de constater qu’Anne Laplantine nous est revenue en grande forme !!

Le temps de mettre en place le matériel des deux Allemands et voici Tarwater qui débarque. Chacun a son petit pupitre sur lequel trônent quelques machines, Ronald Lippok sur la gauche avec ses cheveux longs se chargera du chant, et Bernd Jestram à droite et sera principalement occupé à la basse.
N’ayant pas encore écouté leur dernier album, on le découvrira plus ou moins lors de ce concert. D’ailleurs c’est Across the Dial, premier titre de l’album qui ouvre le concert. On se dit que si cela continue comme ça, effectivement, le duo allemand n’a plus grand chose à proposer. Rythmique mécanique, basse répétitive et voix monocorde pour une sorte de "tube" pop des plus basique. La basse jouée à la manière d’une guitare semble avoir pris une importance nouvelle, les mélodies et bruitages électroniques nous paraissent rabâchés, et on a vraiment du mal à se laisser prendre au jeu. Parfois les morceaux s’enchaînent (plus ou moins habilement d’ailleurs), et les deux hommes, statiques, jouent leurs chansons électro-pop sans enthousiasme. Un concert carré, sans surprise, une rigueur toute germanique malgré le chant malheureusement en anglais et une alternance avec des instrumentaux pas plus excitants.
On finira tout de même par accepter cet état de fait et se laisser porter petit à petit par les multiples bruitages et la rythmique efficace de Babylonian Tower, et surtout la ligne de basse et la finesse de Jackie que l’on écouterait bien en boucle. Plus tard on se demandera si All Of The Ants Left Paris fait partie de leur playlist sur les autres dates de leur tournée, on se laissera prendre par la rythmique un peu plus travaillée, plus cassante aussi de The People, et on arrivera ainsi à la fin de ce concert avec Seven Ways To Fake A Perfect Skin qui clôturait Animals, Suns & Atoms, leur autre album très pop.
On aura droit à deux titres en guise de rappel, mais Tarwater restera toujours très sage, pas d’explosion finale, ni d’enthousiasme débordant. De notre côté non plus d’ailleurs.

Fabrice ALLARD
le 28/05/2005