du 06/07/2019 au 01/09/2019
Passage Sainte-Croix,
Nantes
Sans en avoir forcément l’air, le rapport à la nature peut être vu comme une sorte de fil rouge du Voyage à Nantes 2019. En effet, après En Chemin, présenté au Musée d’Arts, la courte monographie du Passage Sainte-Croix, consacrée cette année à Cécile Beau, tourne autour de cette thématique. Avec ses cinq œuvres, réparties dans les trois espaces du lieu diocésain (jardin, patio et salles d’exposition), la Française part ainsi d’éléments réels (arbre, pierre, eau stagnante au fond d’un puits) pour les recomposer, en inverser le processus, bref, leur faire subir une Réversion.
Ce travail de torsion du réel, de re-création s’accompagne d’un véritable humour, comme s’il s’agissait pour la Parisienne d’une récréation. L’arbre suspendu dans le patio ne sait plus, par exemple, s’il est à l’envers ou à l’endroit puisqu’il est pourvu de branchages à sa cime et à ses pieds (Envers) tandis que la goutte d’eau qui fait ondoyer la surface du Puits se joue du spectateur car elle ne tombe pas, mais arrive par le fonds de l’ouvrage en pierre. Chamboulé, le visiteur ne sera donc pas surpris de trouver, dans le jardin, une pierre qui gronde et dont le toucher laisse percevoir une vibration (Oolith), lointain souvenir des murmures des Bénédictins qui ont occupé ce qui était alors un prieuré.
Au-delà de cette tendre cocasserie, c’est aussi une invitation à la pause et à l’introspection qu’offre Cécile Beau, en conduisant le spectateur à se laisser bercer par ce ronronnement de la pierre, captivé par le souffle lointain qui émane de la cavité creusée dans le mur d’une des salles (Érosion) ou hypnotisé par le goutte-à-goutte du Puits. Ne perdant pas de vue son processus originel, la Française propose de clore le parcours par une forme d’expérience consistant à plonger dans un bain chimique des pierres et métaux, pour en faire ressortir des cristaux. À rebours des propositions précédentes, il ne s’agit donc plus de prendre son temps mais d’accélérer une sorte de processus géologique, dans une nouvelle distorsion de la nature.
le 26/08/2019