du 13/09/2019 au 15/12/2019
Crédac,
Ivry-sur-Seine
Alexandra Bircken / Crédac / Sarah Tritz / Stéphanie Cherpin
Il y a quatre ans, nous découvrions pleinement le travail de Sarah Tritz, à l’occasion d’une exposition personnelle à la Fondation Ricard. La Française y déployait une vingtaine d’œuvres, centrées sur le corps humain, composites dans leurs matériaux (papier, carton, bois, céramique) et fragmentées dans leur représentation des êtres vivants. Invitée au Crédac (en même temps que participante à l’exposition du Prix de la Fondation d’Entreprise Ricard, on y reviendra, et à la monstration collective du Palais de Tokyo, destinée à la jeune scène française), la trentenaire a opté pour une démarche moins individualiste, louable dans son principe mais au rendu mitigé.
Louable car, en conviant 29 artistes dans les trois espaces du centre d’art d’Ivry-sur-Seine, l’approche de Sarah Tritz permet de tisser des liens et des concordances entre les œuvres personnelles qu’elle dispose dans les lieux et celles des plasticiens qu’elle invite. Sans citer l’ensemble des créateurs présents, on relèvera qu’au-delà des formes présentées (sculptures anthropomorphes, travail au papier mâché ou de collage, dessin au graphite), ce sont surtout les thématiques abordées qui dialoguent. Principalement axées autour de la féminité, de la chair parfois chimérique et de ce que ce corps peut charrier comme sensualité ou interrogation, de nombreuses œuvres semblent ainsi résonner avec les débats tenus depuis deux ans : bronze de « princesse » au corps affaissé mais aux attributs sexuels rehaussés de rose de Liz Craft, gouache de Dorothy Iannone dédiée au personnage de Lolita, buste nu peint par Nicole Eisenman, moulage d’un sexe féminin par Alexandra Bircken, sculpture d’une tête de femme par Valérie Blass, etc…
Si la tonalité d’ensemble ne souffre donc nullement d’hétérogénéité, faisant montre d’une cohérence certaine et démontrant la sûreté du choix opéré en amont par Sarah Tritz, on trouvera pourtant, quitte à passer pour un éternel insatisfait, que, précisément, le tout se révèle être un peu trop univoque, presque répétitif, voire lassant sur la longueur de la quarantaine de propositions ici exposées. En forçant un peu le trait, et avec un brin de provocation, on pourrait même aller jusqu’à avancer que le propos, à force d’être asséné de la sorte, nous entraînerait à des accès de machisme, juste pour le plaisir de prendre le contrepied. Dans ce contexte, les gestes plastiques finissent par passer derrière le message transmis par cette accumulation, jusqu’à arriver au bout du parcours où deux troncs de palmier de Stéphanie Cherpin (artiste fort appréciée de nos pages et que nous n’avions plus croisée depuis 2012), tous simples dans leur réalisation (couches de béton superposées, serties de gros élastiques à leurs extrémités) et non superflus dans leur expression (un minimalisme rudimentaire mais pertinent), nous laissent une très bonne impression finale.
le 08/10/2019