08/07/2005
Auditorium St Pierre des Cuisines,
Toulouse
Nous voici de nouveau à Toulouse pour la deuxième année consécutive, convaincu l’année dernière par la programmation, l’ambiance, les lieux investis, les conditions d’écoute. Toujours étalé sur deux week-end, le festival nous oblige à faire un choix difficile. On opte encore pour le deuxième week-end, avec notamment Max Richter que l’on tenait à voir en live après son excellent The Blue Notebooks paru chez Fat Cat, Phonem qui semble nous faire son retour après une trop longue absence, Magnetophone que l’on avait presque oublié, et AGF + Vladislav Delay que l’on avait hâte de voir ensemble.
On ne commence pas par une sieste puisque l’on arrive pour le concert du vendredi soir avec Sylvain Chauveau et Max Richter à l’Auditorium Saint Pierre des Cuisines. Une salle extraordinaire, à l’origine une vielle église en brique, joliment restaurée avec à l’intérieur un mélange aéré et moderne composé de métal, bois et verre.
A l’entrée de la salle, une mauvaise nouvelle nous attendait : une petite affiche annonçant l’annulation de Max Richter. Du coup le prix de l’entrée est divisé par deux, on prend notre ticket, et on attend en regardant les fondations du bâtiment, mises à nu sous les gradins. Finalement on prend place, et les organisateurs s’excusent pour l’annulation de Max Richter, coincé à Edimbourg suite à l’annulation des vols vers la France, conséquence des attentats à Londres et du G8 à Edimbourg.
Il nous reste Sylvain Chauveau sur l’on voit souvent sur Paris, mais qui, heureusement pour nous, allait nous faire ce soir un tout autre genre de concert, justement plus dans le registre annoncé par le programme des Siestes Electroniques, à savoir musique de chambre contemporaine.
Il a déjà pris place derrière le piano, et commence son concert par un solo contemplatif. Les notes ont presque le temps de s’éteindre avant qu’il n’en joue d’autre, le morceau évolue lentement vers une certaine mélancolie et alors que l’on serait en mesure de rapprocher ce morceau de son album paru chez Fat Cat, il nous a paru ici autrement plus convaincant. Le Français se dirige ensuite vers sa guitare, et se voit rejoint par un clarinettiste et un pianiste. Il donne quelques coups sur le corps de son instrument pour poser des nappes, le clarinettiste utilise apparemment un contrebasson pour commencer, produisant quelques souffles et autres graves ronronnements, puis des notes de guitare claire ébauchent de lentes mélodies rêveuses, contemplatives, à l’image du premier morceau.
C’est le pianiste qui débute le troisième titre, peut-être le plus réussi du concert. Notes éparses de piano, longs silences, on reste dans le domaine de la contemplation, et on se dit même que c’est ici peut-être un peu exagéré. Sylvain Chauveau semble avoir quelques soucis avec sa guitare, on se demande ce qu’il fait, ses espèces de nappes feutrées apparaissent brusquement, plus brusquement qu’elles ne devraient le faire si l’on se réfère au ton du piano. Et puis comme par magie une nappe de guitare reste là, en suspend, le piano dépose là dessus quelques gouttes cristallines, il prend aussi de l’assurance, impose le rythme et fait naître l’émotion. D’ailleurs le public en admiration n’attendra pas la fin de la dernière note pour lancer les applaudissements.
Arrivent alors une violoncelliste et une violoniste. On aura alors droit à plusieurs morceaux mettant en oeuvre piano et cordes pour une musique néo-classique finalement assez classique. Plaisant, joli, mais pas forcément émouvant, peut-être trop appliqué, ou juste trop classique. On aurait peut-être aimé y trouver un petit quelque chose en plus, une idée nouvelle, l’utilisation de la guitare, des pédales d’effet, mais non.
Ensuite c’est Sylvain Chauveau tout seul, pour une pièce d’une dizaine de minute, là aussi sans grande surprise pour nous qui l’avons vu à plusieurs reprises, seul avec sa guitare et ses pédales d’effet et sampling, superposant tour à tour nappes, mélodies, grésillements, jeu de guitare à l’archet, jusqu’à l’overdose. Des mélodies en boucle durent trop longtemps, l’émotion est absente, peut-être cachée derrière l’aspect démonstratif de ce genre de jeu qui frôle le systématisme : boucles superposées les unes après les autres, à chaque fois jouant un peu plus fort pour éventuellement cacher un élément qui a déjà trop duré.
La dernière partie s’avérera par contre très intéressante. Piano, cordes et clarinette jouent tous ensemble tandis que Sylvain Chauveau est au chant pour plusieurs reprises acoustiques-néoclassiques de Depeche Mode. On est séduit par sa voix, ses intonations, imitant à la perfection la voix de Dave Gahan, par les orchestrations détachées des versions originales, donnant l’impression d’entendre de nouveaux morceaux, suscitant de nouvelles émotions. Il débute par le fragile Stripped, enchaîne avec The Things You Said, et achève ce concert par In Your Room.
Mais le public en redemande. On aura alors droit à un rappel, Never Let Me Down Again en guise de quatrième reprise de Depeche Mode, et la soirée s’achèvera par un tonnerre d’applaudissements, mérité. A noter que ces reprises sont à la base même du nouvel album de Sylvain Chauveau, avec cette même formation, que l’on a déjà hâte de se procurer.
le 09/07/2005