Siestes Electroniques 2005 : Phonem / Nôze / Péa / Marc Colin

 date du concert

09/07/2005

 salle

Jardin Raymond VI,
Toulouse

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Festival des Siestes Electroniques 2005 / Jardin Raymond VI / Phonem

 liens

Festival des Siestes Electroniques 2005

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Décidément, on n’a pas de chance avec les Siestes Electroniques. Après l’annulation de Max Richter, c’est le soleil qui a annulé sa venue à Toulouse en ce samedi, et on se prend une belle saucée en se dirigeant vers le Jardin Raymond VI. A 17h, heure prévu pour ce début de sieste, c’est un peu la panique à bord. La tente qui abrite tout le matériel est fermée, peu de monde présent, et les organisateurs semblent vouloir attendre une accalmie avant de lancer les concerts.

Vers 17h30 la pluie s’est calmée, la tente a été ouverte et Phonem fait ses derniers réglages son. Et puis l’un des organisateurs annonce le début des festivités en essayant de respecter le programme prévu. Phonem prend alors la parole dans un français parfait pour présenter son set qui se divise en deux parties. La première, uniquement basée sur des enregistrements traite de l’immigration, tandis que la deuxième moitié présentera des nouvelles compositions de Phonem telles qu’on les connaît.
Il nous avait prévenu, cette première partie sera assez abstraite. Mais pas tant que ça finalement : si les mélodies sont absentes, de lentes variations sur des nappes finissent par élaborer un semblant de mélodie. La dessus, l’Allemand pose divers bruitages, quelques notes de cordes pincées (un instrument traditionnel africain ?), quelques voix, mais aussi des rythmiques aux sonorités assez dures, granuleuses au début, puis roulements de caisse claire plus tard. Des rythmiques qui restent la composante majeure de la musique de Phonem et dont on regrettera un peu qu’elles ne soient pas un peu plus travaillées.
Et puis au bout de 35mn, le déluge. Tout le monde se dirige vers le plus gros des arbres, prisé en temps de pluie en tant qu’abris et par grand soleil pour son ombre. Ce petit déluge arrivait justement au moment ou Phonem terminait sa première partie. On aborde alors une phase plus apaisée, plus mélodique, les rythmiques un peu plus en retrait et plus complexes laissent s’exprimer de belles sonorités mélodiques façon tintement de cloche. Une musique plus aérée (et aérienne) que l’on situera comme un intermédiaire entre ses deux albums chez Morr Music, avec en plus quelques incursions dub fort bien venues pour des siestes. Ambiance cool et décontractée alors que le soleil tente de reprendre le dessus.

On ne s’attardera pas trop sur les deux artistes suivants, à savoir PéA et Marc Colin. On profitera même du premier pour aller prendre un verre au bar : ambiance club, post-disco, dansant et festif sans autre intérêt. Les décibels sont au rendez-vous, et comme la météo se fait plus clémente le public plus nombreux s’éparpille sur l’ensemble de l’espace disponible, tentant quelques pas de danse.
Marc Colin sera ensuite un peu plus convaincant avec un esprit un peu décalé, parfois rétro, rock, mais il ne s’agit pas d’un live. Uniquement un set mix qui diminue l’intérêt de la chose.

On attend donc patiemment Nôze. Il parait que la presse est unanime à leurs sujet, mais on n’a jamais entendu parler de cette formation française. Trois hommes sur scène, l’un aux vieux synthés analogique, un autre au saxophone, et le dernier au chant. Signés chez Circus Company, ils oeuvreraient dans un registre minimal techno.
Petite rythmique précise, un pied carré, il n’y a pour l’instant que la rythmique et déjà, on a envie de danser. C’est efficace, léger, et complètement décalé, original, nouveau. Dans un style a priori froid et typiquement germanique, ces français mettent en avant l’esprit festif d’une musique dansante : le chanteur-MC d’une voix un peu crade parle en prenant le public à partie, quant les voix se multiplient il se dégage un esprit tribal de leur musique, tandis que le saxophone se lance dans des improvisations parfaitement dosées. Ça fonctionne tout de suite, le public se lève, se rapproche de la scène pour mieux voir le phénomène avec ici un "véritable" concert, avec quelque chose qui se passe sur scène, autre chose qu’un artiste derrière des machines ou un laptop.
Le groupe se renouvelle juste comme il faut : de temps à autre l’impro au sax prend le dessus et les machines elles-aussi deviennent un peu plus folles, les sons un peu plus distordus, les rondeurs analogiques se font ludiques, et un glockenspiel semble leur répondre parfois. Par contre, quand les voix disparaissent, on se rend compte que l’esprit du groupe est moins présent, leur musique moins décalée alors que l’on avait au début l’impression d’écouter une minimal techno campagnarde, les artistes se produisant avec un chapeau de paille sur la tête.
Aussi, au bout de 30 à 40 minutes, on a compris le principe, et l’effet de surprise et découverte passé, le reste de leur set, toujours aussi efficace nous intéressera moins. Une bonne découverte cela dit.

On quitte alors le jardin Raymond VI, en espérant une météo plus agréable pour le lendemain où nous attendent Magnetophone et AGF + Vladislav Delay.

Fabrice ALLARD
le 10/07/2005

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