AGF + Vladislav Delay / Jan Jelinek

Deuxième soirée au Centre Pompidou dans le cadre des Rendez-Vous Électroniques, avec ce soir Jan Jelinek, et AGF + Vladislav Delay que l’on découvrait avec plaisir en concert pour la première fois cet été aux Siestes Électroniques Toulousaines.

On arrivait ce soir au Centre Pompidou avec l’impression de venir découvrir Jan Jelinek. En fait on le connaissait puisqu’à une époque on suivait d’assez près les sorties de  scape, on avait entendu quelques titres sur les compilations Staedtizism, et on avait même vu l’Allemand en concert au Batofar. Malheureusement nous n’avions jamais vraiment eu l’envie d’approfondir, pas convaincu par les quelques titres publiés, ou ses concerts aux incursions jazz, aux autres grooves alambiqués.
Rien de tout cela ce soir puisqu’il s’agissait ici plutôt d’un dub feutré et minimal. Disons que l’on retrouvait des éléments du dub, mais leur utilisation contribuait à créer quelque chose d’autre, de différent. Les basses rebondissent suivant un tempo extrêmement lent, des sonorités électroniques nous font penser aux premières expérimentations électro-acoustiques, et un tintement de vibraphone vient relever tout ça. Mais les morceaux sont longs, trop longs, trop linéaires, et le premier titre qui frôlait le quart d’heure s’avéra bien vite particulièrement ennuyeux. On rentrera véritablement dans le concert à partir du troisième titre, plus riche, superposition de boucles captivantes, de sonorités variées, pour un style également plus proche de l’ambient, en suspend, donnant l’impression que le temps s’était arrêté. Un peu plus tard on retrouve des crépitements chaleureux, des boucles de guitares, des nappes et pulsations de basses, nous laissant au final une impression mitigée avec cette alternance et beau et de vain.
On saluera par contre le travail de Karl Kliem, membre du label vidéo Dienststelle, qui travaille notamment avec Carsten Nicolai, et qui offrit un joli habillage à la musique de Jan Jelinek, souvent minimal, basé sur des évolutions de formes géométriques, mais capable aussi d’intégrer de la vidéo avec une certaine finesse.

On enchaîne donc avec le duo germano-finlandais formé par AGF et Vladislav Delay. A droite le Finlandais à la batterie, a gauche AGF avec toutes ses machines et laptops, et tout de suite on se demande ce qui se passe : le son est trop fort, mal équilibré, la batterie écrase toute la finesse du travail sur la voix et l’électronique. Le public est intraitable et fait un accueil plus que réservé au duo, sans parler de ceux qui quitteront la salle.
Tant pis pour eux. Après 2-3 morceaux, les quelques problèmes sont corrigés. Peut-être aussi que le tempo se calme, et les premiers titres assez tendus et expérimentaux, en particulier au niveau du jeu chaotique de Vladislav Delay, laissent place à des pièces plus calmes, plus feutrées, laissant apparaître la sensualité de la voix d’AGF, une superbe mélodie de piano de Craig Armstrong (un avant goût du prochain album), et des percussions peut-être mieux jaugées, mieux placées.
Un concert difficile, aussi bien pour le public certainement pas habitué à ce genre d’expérience il est vrai peu commune, et pour les artistes avec une salle qui ne renvoyait pas grand chose, et une certaine prise de risque, en présentant de nouveaux morceaux, en jouant sur l’épure au point de ne garder parfois que la voix et la batterie, le tout sur une scène beaucoup trop grande et qu’AGF aura du mal à remplir.
Même en étant fan et en assistant à une très belle fin de concert, le duo semblant avoir finalement trouvé ses repères, on reconnaîtra qu’il ne s’agissait pas là de leur meilleur concert, mais cette formation s’avère toutefois très intéressante et nous réservera, on en est sûr, encore quelques surprises, et on conseille tout de même l’album, plus posé, à ceux qui seraient perplexes suite à ce concert.

Fabrice ALLARD
le 25/09/2005