Giuseppe Ielasi

Très souvent cité comme tête de pont de la scène électro-acoustique italienne, Giuseppe Ielasi n’est finalement pas si souvent présent que cela sur ces pages. Aucune sortie et aucun concert en solo n’ont ainsi été recensés depuis 2010, et l’intéressé se trouve en vérité davantage mentionné comme technicien ou gérant de label. Avec son retour sur 12k, voici donc une bonne occasion de voir où en est le Transalpin dans son parcours musical. Sous ce rapport, on peut rapidement constater qu’il a encore plus épuré son propos, se concentrant, ici, sur des glissandos de guitare acoustique, affublés d’effets et de traitements pour les étirer au maximum, et donner ces Five Wooden Frames, soit cinq plages durant entre cinq et sept minutes.

Naturellement, avec un tel postulat de départ, le risque d’un album très ascétique n’est jamais loin (d’autant plus que les morceaux s’intitulent sobrement 01, 02, 03, etc…) mais l’auditeur parvient à capter quelques inflexions d’une piste à l’autre, à l’image des cordes pincées de 02, des sifflements et accords étouffés de 03 ou des slides de 04. Se dessine alors la volonté de Giuseppe Ielasi de mettre à profit la contrainte auto-imposée pour parcourir assez largement les possibilités que lui offre sa guitare acoustique. Comme souvent dans pareil cas, du cadre un peu corseté naît une forme de liberté exploratoire qui favorise, d’un titre à l’autre, ce sentiment d’être face à quelque chose de plus grand qu’une « simple » guitare acoustique traitée.

Si certains morceaux (01 et 05, notamment) souffrent d’un certain manque de renouvellement interne, leurs positions d’encadrement des trois autres titres traduit une construction maligne de l’album, comme si l’Italien avait lui-même perçu cette impression. Il s’agit donc d’un signe supplémentaire de la belle maturité à laquelle Ielasi est parvenu, comme de la bonne maîtrise de son art.

François Bousquet
le 20/08/2020