21/10/2005
Instants Chavirés,
Montreuil
Suivant le label Mosz depuis ses débuts, et n’ayant jamais été vraiment déçu sur ses six premières sorties, c’est avec une certaine joie que l’on abordait cette soirée dédiée au label. L’occasion de revoir Pita d’une part, et de découvrir Lokai dont nous n’avions pas encore écouté l’album, mais sur lequel nous reviendrons prochainement.
C’est ce duo autrichien qui ouvre la soirée. D’un côté, Stefan Nemeth aux machines, membre de Radian et fondateur du label Mosz. De l’autre, Florian Kmet que nous n’avions jamais croisé jusque là. On est tout de suite conquis par ce fin et subtile mélange de guitare et de machines qui opèrent en véritable harmonie, sculptant le son et illustrant à merveille la projection d’un film : montage d’images du réseau routier finlandais, désert et accéléré. On voit alors une route se recouvrir de neige, se mouiller, puis les traces de pneus, l’assèchement, le soleil se coucher, les éclairages prendre le relais. La tension monte petit à petit, et les machines prennent alors le dessus. Tintements métalliques d’abord nous rapprochant de l’impro, puis textures bruitistes de rigueur, et cassure nette révélant la finesse de la guitare qui était écrasée mais toujours présente.
Le concert est à cette image, alternance de douceur et de rage, tour à tour goutte d’eau qui s’écrase au ralenti et tempête de neige. Nous verront prochainement si ce genre de contraste est également de mise sur leur album 7 Million.
On continue la soirée avec Pita, ce soir accompagné par Jade aux visuels, ce qui permet de parfaire cette soirée à thème puisque le dernier album de Peter Rehberg vient de sortir sur Mosz, et Jade (Michaela Schwentner) mène ce label avec Stefan Nemeth.
Un concert comme on les aime, et particulièrement réussi ce soir de la part de Pita : direct, noisy, riche, et court. 25 minutes, c’est court il est vrai, et dans la salle le public en aurait bien demandé un peu plus, mais autant en rester là avec une très bonne impression. On commence par un sifflement, une basse qui rebondit, puis la machine s’enraille, le bruit prend le dessus et parfois parvient à créer d’étonnantes boucles mélodiques. Pita transforme les drones en texture pour un passage ambient-noise, délivre une rythmique carrée, et apporte ainsi toujours à l’auditeur des points de repère ou d’accroche, produit des grooves à la Pan Sonic aux machines rugueuses sur une pluie de crépitements. Le dernier tiers du concert sera par contre sans concessions, plus abstrait, parfaitement bruitiste et abrasif.
Tout au long du concert on se laissera happer par les visuels : une base simple, quelques lignes ou rubans aux couleurs flashy (vert et rose), très schématisés et design, se voient déformés au gré du déluge sonore. Très joli, mais on regrettera un petit manque de renouvellement tout au long du concert.
Une très bonne soirée au final, avec la découverte de Lokai et un Pita en grande forme alors que son dernier album (Fremdkoerper) nous avait un peu déçu...
le 12/11/2005