28/10/2005
Instants Chavirés,
Montreuil
Du 15 octobre au 13 novembre se déroulait à Montreuil la deuxième édition du festival Lieux Communs, dédié à la fabrication du son et à sa diffusion, proposant concerts, installations et diffusions. Après Lokai et Pita une semaine plus tôt, nous voici de nouveaux aux Instants Chavirés, pour le concert de S.S.S..
Trois lettres pour Sensors_Sonics_Sights mais aussi trois personnes qui ne sont pas sur scène. Le groupe, composé de Atau Tanaka et Laurent Dailleau pour la musique, et Cécile Babiole pour les visuels, est au milieu de la salle, coincé entre le mur servant d’écran et le public, assis comme de studieux élèves.
Tous ceci peut paraître bien abstrait mais prend corps dès que le concert commence. Laurent Dailleau au theremin, contrôle naturellement son instrument à distance. Il est rejoint par Atau Tanaka qui n’a pas abandonné ses capteurs attachés aux bras, et qui sculpte donc les sons via une savante chorégraphie. Cécile Babiole enfin manipule des figures géométriques via deux capteurs infrarouges. Les trois artistes produisent donc musique et images tout en ne faisant que... brasser de l’air !!!
Le concept est plutôt amusant, sûrement même intrigant et magique pour les plus novices. La salle dans l’obscurité complète ajoute au mystère, les halos bleutés des laptops font de S.S.S. un groupe de geeks, et les immenses projections qui empiète sur leurs visages finissent de les placer dans un univers virtuel pendant que toutes ces "illusions" produisent des éléments bien réels.
Musicalement, on reste globalement dans un registre expérimental, tout en appréciant de ne pas toujours être dans l’abstrait (comme s’il s’agissait d’un solo d’Atau Tanaka). Le premier morceau est très ambient, hanté par le theremin de Laurent Dailleau qui manipule de jolies et douces nappes un peu sombres pendant qu’Atau Tanaka vrille des chuintements sifflants. Les deux morceaux suivants, nettement plus abstraits, laissent la place aux silences, à la frontière de l’audible, et permettent de faire aisément le lien entre les gestes du Japonais et les sonorités produites. La tension monte ensuite, et on assiste alors à une véritable tempête sonore, mêlant sifflements stridents et textures arides. On sera parfois un peu surpris par une rythmique carrée accompagnant la musique, puis le concert prendra fin par la manipulation en direct d’une boucle de musique traditionnelle tendance orientale, petit à petit fracturée, puis saturée.
Au niveau des visuels, le principe restait toujours le même : une grille ou matrice manipulée en direct suivant divers paramètres permettant de la faire bouger dans les trois dimensions, de la rendre élastique, de la tordre, la déformer, changer les couleurs ou le rendu (grille, champ de carrés, de points, etc...), Cécile Babiole s’appliquant à faire en sorte que les mouvements de cette matrice répondent à la musique produite. Les abstractions géométriques finissaient de rendre le projet futuriste, donnant au final l’impression d’avoir vu un concert de science-fiction.
le 20/11/2005