04/11/2005
Instants Chavirés,
Montreuil
Voici notre troisième vendredi aux Instants Chavirés dans le cadre du festival Lieux Communs. Une soirée orientée minimalisme avec deux artistes phares dans le genre puisque c’était l’occasion de voir Günter Müller et Steinbrüchel.
En fait nous n’avions jamais vu Steinbrüchel en concert, un manque que l’on se devait de combler et qui nous sera fatal. Après quelques grésillements et souffles granuleux, de longues nappes limpides prennent place, évoluent lentement, se superposent, s’emmêlent pour en former de nouvelles, s’éteignent quand une autre fait son apparition, bref, des nappes en mouvement perpétuel, une richesse complètement invisible. En effet, pendant le concert on ne se rend compte quasiment de rien, on a juste l’impression d’un fil continu, évoluant lentement et évitant ainsi de lasser.
On pourrait penser lors d’un passage particulier à des tintements de cloche répétitifs et un avion qui passe indéfiniment dans le ciel, mais les sonorités utilisées restent très électroniques, claires au point de donner l’impression d’avoir été nettoyées de toutes réalité.
Un concert d’une petite demie heure, véritable voyage en apesanteur, de toute beauté. On repartira d’ailleurs avec l’intégralité des disques de Steinbrüchel en vente au stand ce soir là.
On enchaîne avec Günter Müller : autre génération, autre technique. Ici pas de laptop, mais diverses machines, table de mixage, pédales d’effet. On est ici dans un tout autre registre où contrairement à Steinbrüchel, on a l’impression que l’artiste ne garde que la composante organique des sonorités utilisées. On commence par des boucles de grésillements et ronronnements, des claquements espacés évoquant un disque vinyle qui saute, un drone, avec dans une première partie une musique plutôt mécanique. Dans un deuxième temps l’ambiance sera plus bucolique. On n’est jamais très loin de bruits d’insectes ou de chants d’oiseaux, puis c’est en train que l’on quittera la campagne avec des bruitages dont le tempo évoquera une locomotive.
Le concert se terminera là aussi après une petite demie heure avec un retour au calme pour un final ambient à rapprocher de Steinbrüchel avec des sons plus riches, plus proche d’un croisement entre drone et souffle que de la sinusoïde.
Pour finir, nous aurons droit à une troisième partie nous permettant de retrouver les deux artistes. Étant donné les descriptions précises que l’on vient de faire du jeu des deux artistes, on ne s’étendra pas sur le sujet. Steinbrüchel et Günter Müller sont idéalement complémentaires, l’un apportant clarté, l’autre une ambiance plus brumeuse. Ils nous offrirent un set dans la lignée de leur excellent album Perspectives paru en début d’année sur le label List et dont nous avons déjà parlé sur ces pages.
le 20/11/2005