Festival Octopus 2006 : Paolo Angeli / Orgabits / Alain de Filippis

 date du concert

13/01/2006

 salle

Point Ephémère,
Paris

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Festival Octopus 2006 / Point Ephémère

 liens

Festival Octopus 2006
Point Ephémère

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Nous voici donc au Point Ephémère pour cette deuxième soirée du festival Octopus. Trois concerts, allant du travail de platiniste à la guitare préparée en passant par les légumes musicaux...

La soirée commence avec Alain de Filippis qui jouera avec son installation composée d’une dizaine de vieilles platines vinyl, toutes époques confondu, avec même un vieux phonographe. Sur ses vieilles platines, ils nous joue des vieilleries. Disques oubliés desquels il extrait de courts passages sous forme de boucles, que ce soit de vielles chansons populaires, des discours, ou des piaillements d’oiseaux. Dans le fond, Alain de Filippis fait du neuf avec du vieux : les DJs et autres platinistes ont le vent en poupe, chacun adoptant une technique personnelle, le nombre de platine permettant d’apprécier la dextérité de chacun. De Filippis est dans cette veine, repoussant les limites du possible avec une décontraction qui va de concert avec sa musique.
En effet, point de dextérité ici : les disques sont préparés et délivrent des boucles minimales qui peuvent se superposer sur de multiples niveaux. L’artiste a alors le temps de changer de disque, mais son set restera très "old school". Entre documentaire scientifique et bal musette concret, cette prestation ne nous emballa pas plus que ça.

Le temps d’aller s’abreuver, et voici que débute le concert de Orgabits. Trois artistes sur scène, dont deux manipulent réellement les légumes, le troisième étant principalement chargé du sampling et du mixage. On accroche tout de suite à ces rythmiques tribales en tapant sur des potirons, un groove efficace nous donne presque envie de danser lorsque deux épis de maïs frottés l’un contre l’autre imitent des maracas, on flirte avec le hip-hop quand l’un des artistes passe un doigt humide sur la peau d’une aubergine, etc... En fait on restera là plus pour voir ce qu’ils vont faire avec tel ou tel légume, que pour la musique.
On assistait en effet plus à une démonstration de musique écologico-hippie, qu’à un véritable travail de composition musicale. Ce fut l’occasion de découvrir des carottes évidées transformées en flûtes, des feuilles de chou créant un autre effet de scratch, ou les bluffantes feuilles d’endives, entre l’harmonica et le kazoo. La musique était parfois à la limite de certains airs populaires, mais globalement très orientée "musique du monde", entre les rythmiques tribales et les flûtes indiennes. Sympathique et amusant, mais on en restera là.

On nous avait gardé le meilleur pour la fin avec Paolo Angeli et sa guitare sarde préparée. L’instrument de base ressemble à n’importe quelle autre guitare, sur laquelle Angeli à ajouté des cordes perpendiculaires à celles déjà présentes, et de petits marteaux qui viennent frapper les cordes ou le corps de la guitare afin d’assurer toute la partie rythmique, contrôlée avec ses pieds, à la manière d’un batteur.
Le concert débute par ce que l’on pourrait appeler du rock minimal. En douceur, guitare électrique claire, toute en nuances, légers grincements bruitistes, on est quelque part entre le rock expérimental et le post-rock, et on a vraiment l’impression d’entendre une batterie pourtant invisible. Le son se fait ensuite plus fin, les cordes grattées nous font penser à une harpe, puis on abordera une longue plage purement jazz. Lent jeu de guitare improvisée sur une rythmique débridée, ça groove sévère, et on remarquera dans le public quelques amateurs de jazz taper du pied sur ces tempos complexes. Puis Paolo Angeli s’empare d’un archet, et aborde encore un autre style, entre musique classique et contemporaine, avec une magnifique mélodie de violon (électrique) et des cassures de basse ou de grinçants piaillements.
En fait on ne parviendra pas à rendre compte dans cette chronique de l’éventail des possibilités qu’explore cet artiste avec cet instrument unique. Le panel de sonorités produites est tout simplement hallucinant, entre les rythmiques industrielles et les fines cordes. Paolo Angeli semble tout autant à l’aise lorsqu’il joue un morceau de jazz, quand il part dans des élans rock, ou qu’il se pose sur des dialogues inédits de sonorités éloignées, le tout parfois empreint de traditions sardes, ne serait-ce que part l’instrument qui reprend ses droits, par les cordes qui tintent différemment d’une autre guitare.
Un concert qui clôtura ce festival sur une excellente note alors que dans son ensemble, celui-ci était composé de hauts et de bas. Reste à voir l’exposition au Point Ephémère jusqu’au 22 janvier pour finir d’explorer cette troisième édition.

Fabrice ALLARD
le 15/01/2006

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