27/01/2006
Project 101,
Paris
En ce début d’année, le programme du Project 101 annonçait un concert de Battery Operated pour ce dernier vendredi du mois. L’occasion était trop belle, et nous étions bien sûr présent pour voir en live ce projet franco-anglo-canadien dont nous parlons régulièrement, ainsi que de leur label c0c0s0l1dc1t1.
C’était aussi l’occasion de découvrir Portnoy, dont la présentation, toujours dans le programme du Project 101, laissait entrevoir une bonne découverte, dans la lignée de ce que l’on aime puisque qualifié d’héritier de labels comme Warp, Morr et Gooom. Il est déjà 22h10 quand Arnaud Pigounides prend place et débute son concert dans l’indifférence générale : un public épars ne se rend même pas compte que le concert a commencé... Ça commence plutôt pas mal, avec une electronica mélodique certes un peu grasse : sonorités synthétiques imposantes, denses, directement sorties de vieux synthés, on est partagé entre le fait d’apprécier une efficacité indéniable, et une impression de facilité. Cette electronica tubesque nous fait parfois penser à une version un peu sombre Plaid, puis un traitement plus rock de certaines sonorités donne une énergie nouvelle à des compositions que l’on rapprocherait alors des Chemical Brothers. Certains de ces morceaux, trop denses, trop riches semblent assez brouillons, et c’est dans l’épure et l’utilisation de sonorités acoustiques que Portnoy maîtrise le mieux son sujet, avec un titre d’electronica intégrant des cordes, puis un autre avec une mélodie de piano. Il pousse même ce travail sur de réels instruments avec un éblouissant morceau qui semblait interprété au violoncelle et dont le son était retravaillé par l’ordinateur, puis un autre plus classique simplement construit sur le duo piano-violon.
De belles choses, d’autres moins maîtrisées, mais la plus grosse faille sera pour nous un manque de cohérence, l’aspect compilation de ce set d’une bonne heure qui ne permis pas de déceler une réelle personnalité chez cet artiste.
Vu l’heure tardive, Battery Operated ne tarde pas à commencer son concert, en solo ce soir. Après Portnoy, il était un peu difficile d’entrer dans le set de Battery Operated, autrement plus expérimental avec un concassage sonore en règle. Pourtant très vite des rythmiques plutôt efficaces viennent marquer la mesure sous forme d’un martèlement régulier et de roulements de cymbales. La construction des morceaux défie toute règle de composition, donnant l’impression de n’être qu’un collage et découpage minutieux, mais révélant pourtant des mélodies surprenantes. Alors que les disques de Battery Operated sont assez complexes, ce set nous donna l’impression d’entendre une version dansante de Oval, doublant alors notre plaisir en alliant des mélodies complexes à une énergie et des rythmiques qui font taper du pied. On aura l’impression d’écouter une musique déconstruite ou reconstruite par des machines qui en auraient gardé l’essence même, que ce soit une mélodie sautillante ou mélancolique.
Ce concert à la dimension pop indéniable se terminera justement par un morceau chanté. Une voix féminine soulful, un phrasé et des effets complexes, bref tout ce qu’il faut pour nous rappeler le travail vocal d’AGF sur une musique sans concession. Bouquet final d’un concert d’une grosse demi-heure que l’artiste prolongera par quelques disques, parfaitement choisis pour rester dans la lignée de son set.
le 28/01/2006