Gilded

Alors qu’on pensait que Terrane, disque de Gilded publié fin 2012, serait un coup isolé, tellement les deux membres du duo sont actifs par ailleurs (ces pages viennent, d’ailleurs, de recenser un disque de Matt Rösner réalisé avec Seaworthy), voici que les Australiens font paraître Alden. En fait, les musiciens n’avaient jamais abandonné l’idée de continuer leur compagnonnage et c’est en 2020 qu’ils se sont retrouvés chez Adam Trainer, près de Perth, pour enregistrer ce nouveau long-format.

Avec ce temps passé, et la volonté de documenter une forme de paysage inhabité (le titre de l’album renvoie à la fois au Walden de Thoreau, amputé de son « w », et à une anagramme du mot français « lande »), le duo opte pour une approche plus évocatrice, grâce à une instrumentation plus riche et une tonalité d’ensemble davantage proche d’un post-rock alangui. À ce titre, des morceaux comme Denizen ou West sont particulièrement significatifs, avec leur guitare isolée, traçant des lignes lascives, de même que la rondeur de la basse du morceau-titre qui dialogue tendrement avec une batterie frappée aux balais. De manière un peu plus sèche, Bells Cutting se partage entre clochettes et toms.

Gilded n’oublie toutefois pas les enregistrements capturés, les perturbations sonores et les petits apports électroniques. Sur le long Forging Iron Amongst The Trees, des tremblements sont ainsi utilisés, à la fois comme matériau principal, mais aussi comme tapis sonore pour des accords pincés de guitare acoustique. Au total, les Australiens parviennent, alors, à tenir les deux versants de leur musique, pour un résultat fort convaincant.

François Bousquet
le 10/03/2022