10/06/2022
Comets,
Paris
Comets / Dollboy / Piano Magic
Depuis la publication, il y a cinq ans, du dernier album de Piano Magic, qui signait aussi la fin du groupe, Glen Johnson continuait d’alimenter le souvenir : ressorties d’anciens albums, publication de vieux live, etc… La musique se vivant à nouveau sur scène, l’Anglais a redonné récemment quelques concerts et traversait la Manche, en ce vendredi de juin, pour se produire en duo avec le fidèle Franck Alba, dans un café-disquaire du quartier Charonne, précisément dénommé Comets en hommage à la chanson de Piano Magic.
En cohérence avec cette proposition, Oliver Cherer était convié en première partie, pour une quarantaine de minutes à la guitare électro-acoustique. Celui qu’on a connu sous son nom propre ou en tant que Dollboy enchaîna les arpèges en finger-picking, au soutien de chansons un peu uniformes, interprétées d’une voix pas toujours juste dans les aigus. Dans le répertoire livré face à un public attentif et averti (il y avait possiblement davantage d’anglophones que de francophones, et le concert était complet depuis près d’un mois), des moments plus légers purent être repérés (cette chanson sur des Français jouant dans des films anglais), et d’autres plus mélancoliques, pour former un ensemble bien adapté pour l’heure et le format.
Pareillement installés debout, tournant le dos à la vitre du Comets, Glen Johnson et Frank Alba prirent place à 20h30, pour un panorama de la discographie de Piano Magic (citons ainsi England’s Always Better (As You’re Pulling Away), You & John Are Birds, Attention To Life, You Never Stop Loving (The One That You Loved), I Am The Teacher’s Son, Your Ghost ou Bad Monsters). Présentés (longuement) par un chanteur très volubile, tous les morceaux lui donnèrent l’occasion de retracer tel ou tel compagnonnage (John Grant, Brendan Perry, Peter Walsh, Simon Raymonde…) ou bien tel ou tel souvenir de sa carrière (un amour tenu secret, un concert…). Réduites aux deux guitares des musiciens, les chansons de Piano Magic reposèrent principalement sur cet alliage entre cette voix pas très assurée et ces arpèges et sons joliment réverbérés émanant de leurs instruments. Pour ne pas se limiter à des notes séparées, Frank Alba put gratter sa guitare avec une baguette en bois, de façon à créer une sorte de trémolo ou plage vibrante.
L’ensemble était, enfin, parfois complété par quelques rythmiques basiques, lancées aux pédales ou bien, de manière plus récréative, par une mini-cage à oiseaux mécanique, remontée par Franck, qui en fit sortir quelques pépiements de volatiles. L’absence de section rythmique nous fit, toutefois, sur la durée (le set s’étira pendant une heure et demie), ressentir une forme de langueur et un manque de nerf ou de tension, impression que les disques du groupe de Glen Johnson, régulièrement réécoutés, ne nous laissent nullement. Fort heureusement, la conclusion du concert permit de contrebalancer cette perception, avec une reprise de Lloyd Cole & The Commotions (Forest Fire), puis l’excellent Incurable (avec guitares grattées nerveusement, et chanté par les deux hommes, et non par Angèle David-Guillou comme sur l’enregistrement initial), avant de, naturellement, terminer leur prestation par l’attendu Comets.
le 15/06/2022