Festival FatCat 2006 : Kemialliset Ystävät / Aoki Takamasa + Tujiko Noriko / Vashti Bunyan

 date du concert

10/02/2006

 salle

België,
Hasselt

 tags

Antenna Farm / Aoki Takamasa / België / Festival FatCat 2006 / Kemialliset Ytävät / Tomutonttu / Tujiko Noriko / Yellow Swans

 liens

Yellow Swans
Kemialliset Ytävät
Aoki Takamasa
Tomutonttu

 dans la même rubrique

C’est devenu une habitude, le Belgie accueille le festival FatCat, proposant une affiche éclectique, entre les artistes du label (Vashti Bunyan, Múm, Max Richter ou encore Aoki Takamasa et Tujoki Noriko qui viennent de sortir leur nouvel album ensemble sur le label anglais).
Le festival se présente sous la forme de deux soirées, avec une demi-douzaine de concerts par jour. On retrouve la très belle salle du Belgie que l’on découvrait il y a près de trois ans maintenant, à l’occasion d’un festival Kraak. Il se trouve que ces deux festivals s’avèrent assez proches, tant dans leur programmation, mêlant jeunes pousses expérimentales et artistes reconnus mais restés relativement confidentiels, que dans l’organisation, profitant des trois salles pour enchaîner les concerts sans attendre le changement de matériel (on peut en revanche avoir parfois l’impression de faire un marathon musical).

En ce vendredi soir, ce sont les anglais de Antenna Farm qui ont la lourde responsabilité d’ouvrir le festival. Ils auront déjà commencé quand on rentrera dans la salle. Deux hommes de part et d’autre d’une table recouverte de machines diverses, pédales d’effets, table de mixage, et un laptop qui restera une machine parmi d’autres. Premier concert, mais aussi première excellente découverte du festival avec un concert hypnotique dans ses passages ambient, et envoûtant dans ses montées bruitistes. Avec une décontraction étonnante, le duo construit une musique d’apparence complexe, mais dont la construction, en mouvement perpétuel, facilite l’accès, alternant musique concrète (sur la forme), ambient mélancolique, et textures bruitistes. Une musique schizophrène, absolument parfaite pour présenter l’éventail des musiques qui composeront ce festival.

On reste dans la même salle, mais on change de scène pour découvrir les américains de Food For Animals. On ne les connaissait pas non plus avant ce festival, mais quelques recherches avant le festival nous avait permis d’avoir un petit aperçu de ce groupe que l’on aurait qualifié de hip-hop bruitiste. En pratique, on trouve trois hommes sur scène, deux au laptop qui n’hésitent pas non plus à prendre parfois une guitare, le troisième étant un MC. De par sa fonction même, avec sa voix posée très en avant, celui-ci impose un peu facilement le groupe dans un registre hip-hop, mettant au second plan toute la partie instrumentale pourtant fort intéressante. En effet, en essayant de faire abstraction de la voix, on découvre une electronica riche et dure, syncopée aux sonorités brutes, directement issues des laptop. Après quelques titres on appréciera le mélange, peut-être parce que l’on n’y avait jamais été confronté, mais n’étant pas vraiment client de cette formule, on quittera la salle après quelques titres.

C’est ensuite au tour de Vashti Bunyan, la star de la soirée qui se produit du coup dans la salle appropriée, à savoir le Parquet Hall. Grande salle, belle scène, places assises, il s’agira de la salle pour musiques de tête plutôt que musiques de corps. On ne présentera pas Vashti Bunyan sur ces pages, la presse s’en étant largement chargée courant 2005. On est un peu surpris par l’instrumentation particulièrement riche, avec piano, violon, violoncelle et Vashti à la guitare. A vrai dire on aura un peu de mal avec sa voix fluette, ses chansons courtes, expédiées en 2 mn, et tous ces atours néo-classiques alors qu’on aurait préféré la voir seule à la guitare. On remonte dans le temps de 35 ans, elle nous replace ces chansons dans leur contexte, mais on reste pourtant complètement en dehors de ce set qui nous ennuiera plus qu’autre chose. Dans la salle, le public semble partagé, entre les fans qui crient entre les chansons, et les autres qui quittent la salle. Au fil de son set, sa voix se pose un peu mieux, devient moins frêle, et on appréciera deux ou trois chansons, dont celle qui servi de rappel, et qu’elle avait déjà interprété pendant son set... Au final on ne comprendra pas tout le tapage fait autour de ce come back.

Changement complet de registre ensuite avec Aoki Takamasa et Tujiko Noriko. Cela faisait plus de trois ans qu’on ne les avait pas vu ensemble, depuis un très bon concert à la Fondation Cartier. Après s’être produite avec Lionel Fernandez (moitié de Discom) revoici la japonaise avec Aoki Takamasa et un album paru chez FatCat l’été dernier. C’est un des concerts dont on attendait beaucoup, trop peut-être, et le résultat fut une déception. Etant plutôt fan de Aoki Takamasa, on est déçu de le voir produire ici une musique sans relief, qui s’écoute gentiment et ne sert que d’accompagnement à la voix de Tujiko à laquelle il ne faudrait surtout pas faire ombrage. Le problème c’est que cette dernière a abandonné son laptop qui plantait pour se concentrer sur un chant qui devient vite lassant. Souvent comparée à Bjork (y compris sur ces pages) de part son travail vocal, nous avons eu affaire ici à une linéarité sans fin, comme une petite fille bien appliquée, gentille et mièvre.

Heureusement, on nous avait prévu les Yellow Swans pour nous réveiller. Le duo américain branche toutes ses machines en contrebas de la scène, et tout le public s’amasse autour d’eux. On s’attend au "pire", et on sera servi. Non pas au sens où c’était mauvais, mais plutôt en terme de "nuisance" sonore. Le groupe produira deux morceaux bruitistes, tout deux aux machines, l’un aidé d’une guitare, l’autre à la voix. Ils produisent un drone grave, une texture granuleuse, quelques crissements, et dans ce magma sonore qui semble tout écraser, la guitare se faufile subtilement aussi bien par des larsens que par quelques notes mélodiques sérieusement dérangées. Se produisant toujours de cette manière (au même niveau que le public) le groupe semble rechercher le contact qui s’avère inévitable. Le public est vite chaud, ça vire au pogo, les musiciens sont bousculés, mais cela fait partie intégrante du show et du chaos qui est à l’origine même de leur musique. A voir absolument ne serait-ce qu’une fois.

On terminera cette première journée avec les finlandais de Kemialliset Ystävät. Parmi eux, on reconnaîtra l’un des membres de Kiila, vu dans cette même salle trois ans plus tôt lors du festival Kraak. Un petit tour sur leur site, et en particulier la rubrique "liens", permet très rapidement de situer le groupe. Classés dans l’ordre alphabétique, on trouve d’abord Acid Mothers Temple, Amon Düül, et Animal Collective. On s’arrêtera là, tout est déjà dit.
De part la façon de s’installer (pour beaucoup assis par terre, tous les instruments à même le sol), les membres de Kemialliset Ystävät nous rappellent déjà Kiila. Par contre quand ils commencent à jouer la différence se fait jour, avec ici un projet moins pop, et laissant une large part à l’improvisation. Ce petit côté hippie est mis en avant avec une musique très riche (5 musiciens sur scène) faisant penser à un kaléidoscope, psychédélique et partant un peu dans tous les sens pour, par moment, se construire autour d’une rythmique tribale ou d’une mélodie répétitive.
On repartira avec trois albums du groupe afin de voir si sur disque, leur musique est aussi luxuriante, et faussement brouillon.

On quittera le Belgie en passant par le Cafe, salle ou se déroule le DJ Set de Múm. On aura d’abord l’impression d’entendre une quelconque musique folklorique, puis un titre plus fracturé et électronique, les deux hommes se produisant avec platines et laptop. On en restera là pour aujourd’hui.

Fabrice ALLARD
le 24/02/2006

À lire également

06/06/2003
Open Source 2 : Lionel
(Gaîté Lyrique)
28/03/2010
Brussels Electronic (…)
(Bozar)
18/08/2001
Noriko Tujiko
(Batofar)
03/12/2011
Tomutonttu / él-G / Helm
(Olympic Café)