Low Tide Digitals / Sharif Sehnaoui

Cela fait quelques temps que l’on croisait régulièrement le nom de Sharif Sehnaoui, sur des flyers annonçant des concerts de musique improvisée auxquels nous n’allions pas forcément. Aujourd’hui il faisait la première partie du duo Low Tide Digitals que l’on ne voulait pas rater. Ce fut donc l’occasion de découvrir cet artiste.

Sharif Sehnaoui se produit à la guitare préparée dont il joue de manière peu conventionnelle, mais c’est aussi le propre de cette scène musicale, donc rien de très étonnant. Pourtant on est immédiatement séduit, autant par les sonorités produites que par leur large éventail alors que l’artiste se produit en solo. Il attaque son instrument de différentes manières, frôle ou frappe les cordes avec divers objets, et il en résulte à chaque fois un son nouveau. Il commence par exemple par un drone sourd, mais à celui-ci semblent se mêler une nappe un peu plus aiguë, et de réguliers tintements. Le tout avec son unique guitare où on a l’impression qu’au final chaque corde est considérée comme un instrument à part entière, avec un son et une technique qui lui sont propres.
C’est donc la richesse de cette musique qui interpelle en live. Si l’on fait abstraction de la technique, de la performance, on se rapproche alors d’une musique ambient minimale (lenteur, évolutions imperceptibles) qui s’enrichit parfois d’élan improvisés. A revoir !!

On enchaîne ensuite avec les deux Suisses de Low Tide Digitals, soit Bo Wiget et Luigi Archetti. A noter que Low Tide Digitals, titre de leur premier album chez Rune Grammofon semble être devenu le nom de leur projet si l’on en croit l’affiche de ce concert. C’est suite à la sortie de leur deuxième album, Low Tide Digitals II au printemps 2005, qu’ils passent sur Paris.
On sera là aussi assez surpris, mais déçu par leur prestation. Si leur musique est relativement difficile d’accès, sur disque, son alternance d’expérimentation et de passages plus posés et bribes mélodiques permet un certain équilibre. Ici tout était mis du même côté de la balance, produisant un concert très abstrait, cassant et plus bruitiste que ce qu’ils produisent sur disque. A réserver ce soir aux amateurs d’improvisations et musiques contemporaines extrêmes.

Fabrice ALLARD
le 26/03/2006