Mehdi Kerkouche
du 18/01/2023 au 21/01/2023
Théâtre de Chaillot,
Paris
Devenu très populaire depuis ses petites vidéos « On danse chez vous ! » pendant le premier confinement, et ses chorégraphies pour Christine And The Queens ou Angèle, Mehdi Kerkouche a fait le choix de regrouper des danseurs de différents horizons pour tracer un Portrait un peu antinomique, puisqu’il se veut tableau de famille avec des personnalités variées. Si les origines sont diverses (certains viennent du hip-hop, d’autres du cirque ou de la danse contemporaine), leurs jeunesses et leurs tenues sont similaires, avec ces ensembles dans des camaïeux de gris, que viennent rehausser les jeux de lumière proposés au long du spectacle.
Au-delà de la représentation de groupe, le propos ambitionne surtout de traiter du corps, ce corps qui enlace, qui enserre, qui étreint, qui sauve (une descente de croix est figurée, à un moment) ou qui soutient. Avec leur agilité et leur technique, les huit interprètes évoluent sur un rectangle noir qui sert de tapis de danse, mais aussi de piste pour y glisser, parfois découpé par les spots lumineux, comme pour mieux souligner sa géométrie formelle. À celle-ci répond la liberté de mouvement, les rondeurs des bras et la capacité des danseurs à s’agripper, puis se relâcher, se récupérer et faire mine de se laisser choir, dans une maîtrise et un contrôle très fluide. Présente tout du long, la musique électronique de Lucie Antunes permet aux interprètes de réagir aux entrées des basses ou de pulsations en déclenchant de nouveaux mouvements, de s’adapter à des percussions plus sèches ou bien d’oscillant d’avant en arrière en se calant sur une sorte de Glockenspiel électronique.
Dans cet ensemble, quelques facilités sont toutefois à déplorer, tel ce passage avec chaises en plastique orange, entre jacadi et jeu de chaises musicales, l’opposition régulièrement mise en scène entre les huit jeunes danseurs et Amy Swanson (sexagénaire étatsunienne, agissant dans une tradition plus expressive, vêtue de blanc), ces soli un peu performatifs (sauts de mains, sauts périlleux arrière…) ou encore le tautologique We Are Family diffusé au moment des saluts.
Avant cela, et alors que ce Portrait pouvait donner le sentiment de gentiment ronronner, Amy Swanson s’avance seule et raconte l’histoire de sa famille sur quatre générations. Les autres la rejoignent ensuite, habillés comme dans les années 1970 (pantalons pattes d’éph’, pull à col en V en jacquard, gilet en peau de mouton retournée, manteau de fourrure, force dégradés de marron, etc…) afin de recréer une sorte de communauté familiale. Justifiant pleinement le propos du spectacle, ils surprennent alors, autant qu’ils emmènent avec eux le public au son d’une reprise entraînante du Curtains d’Elton John.
Autres dates :
– 3 février 2023 : Avant-Seine - Colombes
– 7 et 8 février 2023 : Théâtre-Sénart - Lieusaint
– 10 février 2023 : Espace Sarah-Bernhardt - Goussainville
le 23/01/2023