Sawako

Apprenant qu’un nouveau disque de Sawako était publié sur 12k, on se dit qu’on en avait certainement raté un certain nombre depuis Nu.it, paru en 2014 chez Baskaru. En fait, pas du tout, la jeune femme a simplement marqué une pause dans sa production musicale, laissant donc passer huit années avant de reprendre le cours d’une discographie jusqu’alors assez intéressante, bien que peu différente de ce qu’on pourrait imaginer provenant d’une Japonaise signée sur le label de Taylor Deupree. De fait, ce sont à nouveau des instrumentaux ambient graciles, pourvus de lignes de guitare acoustique et de field recordings, qui nous sont ici proposés, avec la particularité que plusieurs invités viennent apporter leur concours : six-cordes d’Aoki Haytao, captations de Federico Durand, etc…

La conjonction des apports des uns et des autres permet de belles rencontres, opérantes et touchantes, à l’image du tremblotant et bien nommé Dream Float, à la fragilité vibrante, ou du légèrement onirique Field Memory. Se souvenant qu’elle officiait au chant sur ses premiers disques, Sawako pose quelques vocalises sur certains morceaux, pour des divagations spectrales (Enquan), éléments un peu attendus. Moins prévisibles, les coups sourds de Night Leaf ou les sonorités grinçantes de Sol Soil viennent apporter une certaine contenance à un ensemble qui risquait de verser dans le tout-vaporeux.

L’album avançant, la Japonaise semble gagner en confiance, chantant franchement à partir de Sky Rebirth (soutenue par un joli piano), quitte à produire quelques facilités comme ce Sweet Hygiea Class dans lequel son timbre dialogue, évidemment, avec des petites clochettes, voire des fautes de carre, tels ce Tiny Conjunction bancal (chant mal assuré, guitare trop évasive, cuivre hésitant) ou bien ce Moonlight Wave à la justesse relative. Restons, donc, sur l’impression laissée par les autres titres, majoritairement regroupés dans la première moitié de l’album.

François Bousquet
le 20/02/2023