du 21/01/2023 au 29/01/2023
Forum des Images,
Paris
Pour leur 35e édition, et en même temps que l’arrivée d’un nouveau logo écrit à la main et assez stylisé, les Premiers Plans d’Angers ont fait disparaître le sous-titre « european first film festival » de leur affiche. La compétition officielle conserve, cependant, le nom de « premiers longs métrages européens » bien que, cette année, cela semble un peu galvaudé avec, sur dix films, trois dont la coproduction est largement extra-européenne : Iran, États-Unis et Costa Rica (Tengo Sueños Eléctricos, vu à la reprise du palmarès du Festival Biarritz Amérique Latine en octobre dernier). Le temps dira si cette situation est purement circonstancielle (post-Covid) ou bien s’il s’agit d’une baisse plus marquée de l’offre européenne au sens strict.
Pour cette soirée de reprise du palmarès, l’équipe du Festival et celle du Forum des Images ont proposé deux séances au format miroir : Grand Prix du jury des courts-métrages français et Prix Jeanne-Moreau (Prix du public) des longs-métrages, puis Prix du public des courts-métrages et Grand Prix du jury des longs-métrages. Premier court-métrage vu, Ville Éternelle se déroule dans cette France périurbaine caractérisée par ses plaines céréalières, ses châteaux d’eau, ses pylônes électriques, ses pavillons et ses bus qui ne passent pas les jours fériés. Lili doit, de ce fait, se rendre à pied à l’aéroport, pour rallier Rome (la « Ville éternelle » du titre). En chemin, elle croise Thibault, avec qui elle était en classe de 5e. Touchants dans leur sorte de délaissement oisif, comme dans leur re-découverte progressive, les deux jeunes gens sont interprétés par Garance Kim (réalisatrice et co-autrice) et Martin Jauvat (co-auteur), renforçant l’impression d’une production légère et sincère, un peu hors du temps.
Dans la même tranche d’âge, autour des 25 ans, Alex et Jean sont colocataires. Tandis que le premier est présenté comme le Rapide du titre (il compose et écoute de l’eurodance, se lève tôt et vit à fond le moment présent), le second en est l’antithèse (gavé d’anti-anxiolytiques et de somnifères, le moindre mouvement est une contrainte et il tergiverse avant toute action). Un même jour, chacun reçoit une amie, semblable à lui, pour une journée de rencontres et croisements. Parti de là, Paul Rigoux offre un traitement un peu différent des atermoiements de la jeunesse parisienne qui vit en colocation entre deux petits boulots, avec un certain humour et un décalage, tout en maintenant un propos d’arrière-fond sentimental et un regard sur l’époque.
Lauréat du Prix Jeanne-Moreau des longs-métrages, Chien de la Casse se déroule dans un village pittoresque de l’Hérault, sur les hauteurs, dans lequel deux amis d’enfance tuent le temps, entre petits deals et soirées à glander sur la place commune avec leur bande. Sans surprise, l’arrivée d’une jeune femme vient perturber cet environnement masculin. Les couleurs chaudes de l’été occitan et la présence des vieilles pierres du village sont accentuées dans le film de Jean-Baptiste Durand, sans que celui-ci ne force sur la moiteur des corps ou autre élément qu’on aurait pu attendre. On reste plutôt dans un registre sec et tendu, avec jalousies réciproques, rivalités entre bandes locales et transition vers un âge plus adulte. Le film se trouve, enfin, servi par trois interprètes principaux assez probants (dont Galatéa Bellugi, qu’on prend toujours plaisir à voir sur l’écran) même si on a un peu l’impression qu’hormis son rôle de Kool Shen dans la série Le Monde de Demain, Anthony Bajon joue souvent le même rôle de souffre-douleur taiseux et renfermé d’un comparse qui « fait le bonhomme ».
Un autre duo masculin se trouve au centre de Chevalier Noir, récipiendaire du Grand Prix à Angers après avoir reçu le Prix principal (l’Étoile d’Or) au festival de Marrakech. Une fois leur mère décédée, Iman et Payar doivent ainsi s’occuper de leur père vieillissant, vivant tous trois dans une maison d’un beau quartier de Téhéran. Alors que le second poursuit une carrière prometteuse de boxeur, le premier est au cœur de la jeunesse dorée de la capitale iranienne, déjà montrée à plusieurs reprises au cinéma, avec ses soirées coke et techno jusqu’à l’aube, tandis que le régime embrigade et punit en parallèle. Pour exposer ce portrait croisé, Emad Aleebrahim Dehkordi abuse malheureusement d’effets trop marqués : caméra subjective annonciatrice de quelque chose, images qui tressautent et bruits de moteur amplifié quand l’un ou l’autre des frères circule, à tombeau ouvert, sur une moto en pleine nuit, personnages souvent suivi de dos, etc… La trajectoire d’Iman et Payar suit alors un chemin assez prévisible, au long d’un film tout juste convaincant.
Dates de sortie :
– Chevalier Noir : 22 février 2023
– Chien de la Casse : 19 avril 2023
le 14/02/2023