05/04/2006
Instants Chavirés,
Montreuil
Chocolate Billy ouvre la soirée avec son rock rythmique, traversé de riffs entêtants. C’est plein d’énergie, souvent captivant, mais ce serait sûrement plus séduisant dans un format plus court.
Le concert de Deerhoof commence par les titres avec Satomi à la basse et Chris Cohen à la guitare, plutôt des morceaux récents de Runners Four, comme Spirit Ditties ou Running Thoughts. Comme sa partie technique n’est pas trop difficile, Satomi peut se consacrer à son jeu de scène, avec une chorégraphie digne de Uma Thurman dans Pulp Fiction. Elle sautille moins qu’il y a quelques années, et elle n’a pas vraiment de voix (ce petit peu est en plus noyé dans le barouf des guitares), mais elle a le regard déterminé. Côté jardin de la scène, John Dieterich assure les passages de guitare les plus experts, il est impérial comme d’habitude, et il ne rigole pas beaucoup. Sous des accents résolument pop, il est surprenant de constater à quel point les morceaux de Deerhoof sont plein de ruptures de rythme et de virages à 90 degrés, ce qui n’est pas sans rappeler l’autre groupe de Dieterich, Gorge Trio, et plus généralement toute un école issue du math-rock. Mais Gorge Trio comme Deerhoof proposent une échappatoire "par le haut" des règles imposées par ce style. Ici le format pop-punk adoucit les angles d’une musique qui pourrait être un peu rêche, et les lignes mélodiques, même si elles sont très vite brisées, donnent du liant à l’ensemble.
À mi-concert Chris et Satomi échangent les instruments, et jouent plus de morceaux anciens (Big Orange, Rainbow Silhouette of the Milky Man et Milk Man pour finir le set principal). On a droit à une chanson chantée par Chris et le batteur Greg Saunier, façon berceuse, et puis Satomi se rapproche toujours plus près de la foule qui s’est mise à tanguer et chavirer, tend un micro pour capter la rumeur du public. Le premier rappel (prévu) enchaîne Spiral Golden Town (excellentissime, un vertigo hitchcockien qui remanie le chant de Jane Birkin à la sauce turkish delight) avec Bunny (un de leurs nombreux nombreux tubes). Ils reviendront encore une fois sur l’insistance du public avant de disparaître dans le grenier des instants.
le 10/04/2006