19/04/2006
Confluences,
Paris
Deuxième soirée du festival PixelAche (Mal au Pixel dans sa version française), et première soirée du festival à Confluences pour cette affiche finlandaise afin d’accueillir ce festival basé à Helsinki et décliné tous les ans dans une autre ville du globe. Affiche prestigieuse ce soir avec Vladislav Delay en tête et en guise d’ouverture de la soirée, puis Lackluster, autre habitué de ces pages, et enfin Huoratron, adepte de la Gameboy, que l’on découvrait ce soir.
Vladislav Delay prend place vers 21h15, débutant de façon originale, et dans un style qu’on ne lui connaissait pas, avec une basse lente, métronomique, ultra-minimal, parsemé de sonorités qui lui sont propre, pleines de delay. On navigue en eau trouble, en pleine abstraction, mais cette musique dégage un charme mystérieux. Quand les nappes habituelles du Finlandais font leur apparition, on se retrouve en terrain connu et tous les éléments semblent se lier et couler de source. Si le son "Vladislav Delay" est reconnaissable, l’artiste se renouvelle dans la construction de ses morceaux. De l’ambient teinté de dub de ses débuts, il est passé à une musique plus expérimentale, incorporant des déconstructions rythmiques, tentant de dompter le chaos en calant et organisant autour de celui-ci de nouveaux éléments capables de guider l’ensemble. En guise de symétrie à son début de concert, le final tournera autour d’une basse minimale, mélodique, un groove ralenti. Simplicité, efficacité, la réussite semble tenir à peu de choses : un joli son, le bon tempo, quelques notes, les bonnes. Magistral.
Sans forcément connaître Lackluster, on pouvait aller faire un tour à Confluences assez sereinement en connaissant l’autre projet du Finlandais, jouant également sous son vrai nom, Esa Ruoho (chez U-Cover). A vrai dire, on ne fera pas vraiment la différence entre les deux, avec un début de concert particulièrement ambient. On trouvera tout de même le début un peu creux, avec des nappes qui s’enchaînent de manière mécanique, sans dégager de véritable émotion, manquant de personnalité. Et puis au bout d’une dizaine de minute, le concert décolle vraiment, quand les nappes se font imperceptiblement mélodiques, dans un style parfaitement glacé, mêlé de souffles et de voix lointaines, on se prend à penser aux meilleurs titres de Biosphere en se demandant s’il n’existerait pas un style ambient typiquement scandinave.
Petit à petit, le son un peu écrasé des nappes prend de l’ampleur, des notes se détachent, semblent flotter en apesanteur, des rythmiques frétillantes s’élèvent et nous ramènent à une certaine réalité. Le concert sera un parfait équilibre de plages ambient d’une incroyable finesse, souvent mélancoliques, et de séquences rythmiques sensées apporter un certain relief mais s’avérant en fait inutiles, transformant des morceaux personnels en une electronica somme toute banale. On sortira donc de ce concert plutôt enthousiaste, subjugué par les titres ambient, et tentant de faire abstraction des rythmiques. On regrettera par contre quelques problèmes techniques, un ordinateur ayant un peu de mal à suivre, et provoquant quelques coupures au milieu de plages linéaires, cassant alors l’ambiance.
Dernier set, avec Huoratron. On passera assez vite sur le sujet. Ce qui nous était présenté comme une nouvelle révélation avec des lives énergiques s’avéra être une belle déception justement en terme de performance scénique. L’artiste commence par inviter tout le public à se rassembler autour de lui afin de le voir jouer. On restera d’abord en place afin d’apprécier la musique, une electronica ludique, bariolée, et plutôt sauvage (tempo soutenu, breakbeat, sonorités brutes), effectivement construite à partir de sonorités cheap façon Gameboy. C’est effectivement énergique, et franchement efficace dans le genre. D’ailleurs le public marche à fond.
Après 2-3 titres, on ira voir ce qui se passe réellement sur scène : un laptop, une console de mixage, et Huoratron qui se démène comme un diable, tournant les boutons de sa console dans tous les sens sans donner l’impression que cette gestuelle ait la moindre influence sur la musique, hochant la tête à toute berzingue. Pas de Gameboy en vue, tout sonne faux, Huoratron fait un show, pas de la musique. On quitte la salle.
le 23/04/2006