Pokett / Koen Holtkamp / Lichens / Bird Show

Annoncée une dizaine de jours seulement avant sa tenue, une alléchante affiche était organisée en cette fin d’après-midi à la librairie-galerie En Marge. Devant un public branché (ex-animateurs radio, musiciens électroniques, blogueurs influents) au look immuable (barbe mi-longue, cheveux en bataille, sacoche DJ kaki), trois sets étaient prévus allant du folk au drone-folk en passant par l’ambient.

Ce sont les Français de Pokett qui officièrent en premier pour une prestation folk assez classique (deux guitares acoustiques, chant en anglais, petit clavier) présentant plusieurs morceaux issus de leur futur second album. Plutôt hésitante au début (compréhensible étant donné que c’était la première fois que ces titres étaient joués en public), la formation prit confiance à mesure que le chant se faisait plus juste et les arpèges de guitare plus riches.

Place ensuite à Koen Holtkamp, musicien plus connu sous le pseudonyme Aero et membre, avec son compère Anderegg, du duo Mountains (tous ces artistes étant signés sur Apestaartje). Placé derrière son laptop, l’Australien développa une nappe onirique (utilisation de bruits d’eau et de chants d’oiseaux) se constituant au fur et à mesure pour intégrer plusieurs plages et se faire plus mélodique, comme un accord, mais un accord dissonant. Quelques crépitements et petits glitchs furent également conviés pour un résultat probant mais un peu ronronnant qui eut toutefois le bon goût de s’arrêter au bout de vingt minutes, juste quand on commença à trouver le temps long.

Alors que le flyer laissait augurer d’un set en duo de Lichens et Bird Show (deux artistes drone-free-folk signés sur Kranky), le second annonça qu’ils commenceraient par deux prestations solo avant d’effectuer un morceau ensemble. Ce fut donc Ben Vida qui s’installa tout d’abord, assis en tailleur devant un clavier-séquenceur d’où il extrayait des notes destinées à constituer une plage sur laquelle il chanta et sampla en direct son chant.
Robert Lowe prit ensuite place, assis sur un haut tabouret, et se saisit de deux micros, l’un au son « normal » et l’autre affublé d’une réverbération, afin de créer, avec ses vocalises, une nappe composite. Intégrant ensuite une claire guitare à douze cordes pour parfaitement faire le pendant, il permit aux auditeurs de retrouver les qualités de son album paru l’automne dernier mais avec un aspect visuel supplémentaire non négligeable.

Pour leur prestation commune, Bird Show et Lichens mélangèrent, assez logiquement, les nappes de leurs deux sets personnels : samples de voix en direct et incorporation de la guitare. Par ailleurs, ils insérèrent cloche, clochettes, grelots et crotales qui vinrent agréablement enrichir la texture initiale, au même titre qu’une rythmique électronique, issue de l’i-pod de Ben Vida, relié à son clavier-séquenceur. Enfin, pour parachever leur travail, Robert Lowe s’empara d’un e-bow et tira de sa guitare des sons aux harmonies chaleureuses.

François Bousquet
le 14/05/2006