Illuha

Il aura fallu près de dix ans pour bénéficier d’un nouvel album d’Illuha, devenu trio dans ce long intervalle. Rejoint par Tatsuhisa Yamamoto à la batterie, le duo d’origine profite de cet apport pour conduire leur musique vers des rivages électroacoustiques, avec des crissements de cymbales qui dialoguent harmonieusement avec les nappes un peu inquiétantes et les traits plus lumineux provenant d’éléments purement électroniques. De même, les coups sur les toms viennent apporter corps et consistance aux textures sombres de Corey Fuller et Tomoyoshi Date, ou bien tirer l’ensemble vers une sorte de jazz opaque, quand il s’agit de se mettre en regard du piano du premier (la seconde moitié de Roji).

Accentuant le propos, le trio croise synthé modulaire et caisse claire caressée aux balais (Tsukubai), ou bien met en avant des frappes précises et au tempo adouci sur le cadre de cette même caisse claire, intervenant en parallèle de déliés de Rhodes (Nijiriguchi). On se situe alors dans un registre proche d’un post-rock électronisé, aux consonances oniriques, du fait du traitement de l’arrière-plan sonore, paré de quelques pépiements d’oiseaux et autres bruissements.

Confirmant la variété gagnée avec l’adjonction de Tatsuhisa Yamamoto, Illuha peut aussi livrer une longue pièce très calme, tenue par le piano de Tomoyoshi Date et agrémentée de fragments micro-électroniques baignant dans une atmosphère douce et soyeuse (Monkou). Ce format se trouve poursuivi sur le caudal Okurirei, avec rares frappes sur la cymbale, destinées à séquencer les longs aplats de nappes, comme autant de petites percées dans un épais brouillard.

François Bousquet
le 24/11/2023