25/05/2006
Instants Chavirés,
Montreuil
On a connu TG alors qu’il pratiquait un style lo-fi et sebadoh-esque, avec une production ultra-prolifique de cassettes enregistrées à la maison. En fait cela a évolué, et maintenant ça ressemble beaucoup à du Labradford. Il exécute d’abord une première partie à la guitare (voire au kazoo joué contre les micros de la guitare) basée sur des basses qui résonnent. Dans un deuxième temps, il passe très vite (de peur qu’on ne croit que le concert soit terminé) à l’orgue (vintage, voire antique). Comme Labradford, cela ferait de l’excellente musique pour aller au lit.
No-Neck Blues Band, ce sont sept musiciens assez poseurs qui se sont mis en tête d’illustrer l’adage "le tout est mieux que la somme des parties". Sur le côté, David Nuss en transes tape sur des percussions type conga, fabriquées artisanalement voire à la maison, et encore ensanglantées des concerts précédents (comme c’est artisanal, la peau est cloutée à la caisse de résonance, et vu le jeu de Nuss, ce n’était peut-être pas la meilleure manière de faire). Des guitaristes (Pat
Murano, ou Dave Sheford qui utilisent divers ukélélés électriques) assurent la trame de la musique. Au centre trône une sorte de Bouddha à longue barbe, Keith Connolly, avec divers objets éparpillés autour de lui dont un gros tambour. Son rôle est de rajouter de petites fioritures à la musique, de compléter l’ensemble avec de menues percussions. Michiko fait un peu la même chose, avec un spectre encore plus large d’instruments, sa voix, un saxophone (dont elle ne sait pas jouer mais ce doit être parfaitement assumé), des kazoos et mille autres objets sortis d’une grande valise. Chacun ne fait pas grand chose, un rythme par-ci, un gling-gling par-la, un petit larsen par-dessus, mais l’ensemble est assez prenant.
Il y a de plus le sentiment d’assister à une performance, entre hippie et spectacle de cabaret. Après un petit quart d’heure de jeu, le batteur descend du grenier des Instants déguisé en monstre (c’est dingue ce qu’on peut faire avec une grande cape noire, un bout de carton, une tête de loup et un bâton), et vient prendre son poste. Et Nuss tape comme un damné sur un peu n’importe quoi, par exemple sur la charpente, avec des bouts de poteau en bois qu’on ne s’étonnerait pas de voir rebondir et d’aller éborgner quelqu’un dans le public (super !). Ça a souvent du rythme, le public réagit bien, mais au bout d’un moment il se concentreront sur un morceau tout calme et très long, et l’ambiance retombe. NNCK aujourd’hui est un peu bancal, on voudrait croire au spectacle qui nous est donné à voir mais on n’est pas sûr que les musiciens eux-même y croient encore.
le 26/05/2006