Festival Premiers Plans d’Angers 2024 - Reprise du Palmarès

 date

du 20/01/2024 au 28/01/2024

 salle

Forum des Images,
Paris

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Pour son édition 2024, Premiers Plans est revenu à une programmation pleinement européenne pour sa compétition de longs-métrages, avec dix films, venus de neuf pays différents qui plus est. Seule l’Espagne présentait deux œuvres en compétition et, logiquement, augmentait ses chances de se retrouver au palmarès… ce qui ne manqua pas puisque le Grand Prix du Jury revint à l’un des deux longs-métrages espagnols. Au moment où le cinéma hispanique connaît un regain d’intérêt (multiplication des sorties en salle, au-delà des grands noms déjà connus, dossier dans des revues spécialisées, rétrospective Carla Simón lors de ces mêmes Premiers Plans d’Angers), voici un nouveau symbole de la vivacité de cette cinématographie.

Border Line est espagnol de nationalité, mais aussi vénézuélien de naissance, puisque Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas viennent de ce pays d’Amérique du Sud, comme Diego, l’un des deux protagonistes de ce film très réussi. Quittant Barcelone pour Miami, avec Elena, sa compagne catalane, ils se retrouvent coincés à la police des frontières lors de leur escale new-yorkaise. Interrogatoires individuels et à deux, fouilles, questions intrusives, recherches de leurs motivations à changer de vi(ll)e, tout y passe pendant un peu plus d’une heure et quart, dans une sorte de huis clos étouffant. Cadres serrés et gros plans sur les visages renforcent ce sentiment, tout comme l’interprétation poignante des deux comédiens (Bruna Cusí reçut le Prix d’interprétation féminine), passant par plusieurs états.

Si le développement du récit est un peu attendu, quelques respirations (les travaux réalisés par des ouvriers dans le couloir des salles d’interrogatoire) ou questions permettent de faire retomber la pression et de susciter un rire de relâchement dans le public. Inspiré par plusieurs récits de telles expériences, Border Line impressionne par son caractère ramassé et sa capacité à saisir le spectateur tout au long d’un film qui s’ouvre et se clôture par la chanson Congratulations de Kevin Morby.

Seul documentaire de la compétition, Riverboom retrace le voyage-reportage effectué par trois Suisses en 2002 en Afghanistan, alors sous la coupe de la coalition internationale pilotée par les États-Unis juste après le 11-septembre. Dans un pays traumatisé par les guerres civiles et l’invasion russe des années 1980, un reporter de guerre, un photographe et Claude Baechtold, vidéaste improvisé, vont faire le tour complet de cet Afghanistan peuplé de mines et de chefs de guerre. Les trois amis, soucieux de conserver une certaine distance avec leur sujet, tout en fournissant une page hebdomadaire au Figaro pendant la cinquantaine de jours de leur périple, vont enchaîner galères et déboires, reconstituées dans ce documentaire.

Le ton un peu décalé du commentaire, enregistré rétrospectivement, la mise au point laborieuse, les cadrages approximatifs, les couleurs saturées et l’image tremblotante accentuent le côté « pieds nickelés » de l’expédition, de même que le montage et les insertions animées et graphiques un peu bricolées. Pour autant, et du fait de cette forme de légèreté, on retient quelque chose d’assez conséquent de ce périple (à l’instar du public du festival, qui décerna son Prix Jeanne-Moreau à Riverboom), tout comme Baechtold pour qui on sent que ce voyage fut aussi intérieur, afin de faire face à son passé, marqué par le décès de ses parents dans un accident de voiture.

À côté de ces deux longs-métrages, deux courts-métrages furent projetés lors de la soirée de reprise du palmarès. Lauréat du Grand Prix du Jury, Ancella d’Amore suit une pré-adolescente qui fut sauvée de la mort par les prières de sa mère à Sainte Rita. En remerciements, la jeune fille se trouve obligée de porter la tenue de la sainte, en tout temps et en toutes circonstances (à la plage, quand elle dort, etc…). Surinvestie d’un pouvoir guérisseur, l’héroïne du film d’Emanuela Muzzupappa se voit quasi-divinisée par un entourage marqué par le poids de la religion, même dans l’Italie contemporaine. Avec son visage arrondi, ses joues bombées et ses taches de rousseur, elle porte évidemment un poids beaucoup trop lourd pour elle.

Autre poids porté malgré elle, le nom de famille de Mauricette fait l’objet de railleries de ses congénères. Dénommée « Bonnarien », la jeune femme, dockeuse dans un port de Guyane, souhaite changer de patronyme pour prendre celui de sa grand-mère, et exorcise son complexe par le slam. Mené par Miremonde Fleuzin, récipiendaire du Prix d’interprétation féminine pour les courts-métrages français, le film d’Adiel Goliot (également Grand Prix du jury, Prix des bibliothécaires et Prix des jeunes internationaux) montre combien les conséquences de l’esclavage (ce nom de Bonnarien, qui donne aussi son titre au court-métrage, a été imposé au moment de l’abolition) sont encore vivaces aujourd’hui. Pour ces deux films courts, les propositions formelles étaient moins fortes que pour les deux longs-métrages, mais les sujets abordés méritaient assurément d’être salués.

Date de sortie :
 Border Line : 1er mai 2024
 Riverboom : 25 septembre 2024

François Bousquet
le 09/02/2024

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