30/03/2024
Musée d’Arts,
Nantes
Resserré sur huit jours, le festival Variations poursuit pourtant son ouverture musicale et assume, encore plus clairement que l’an passé, son éloignement du strict champ des « pianos et claviers » qui prévalait à sa création, en 2017. Un nouveau sous-titre (« festival autour de musiques aventureuses autour du piano et des claviers ») vient revendiquer ce positionnement, avec une inflexion vers le jazz pour cette édition (présence de Mike Reed, Ben Lamar-Gay ou Amaro Freitas), aux côtés de figures de la scène alternative et expérimentale (Sunn O))), Goat, Julia Holter). Si le piano n’est pas totalement écarté (avec la participation de Bruce Brubaker, pour une relecture de Brian Eno), l’électronique prend davantage de place (Oneothrix Point Never, Noémi Büchi, Marie Davidson, Loto Retina) si bien que, progressivement, on se retrouve de plus en plus dans la programmation de Variations et on décida donc, pour cette édition 2024, d’y consacrer deux week-ends successifs.
Afin de débuter en terrain connu, on retrouva, deux semaines jour pour jour après son concert à la Dynamo lors de Banlieues Bleues, Clément Vercelletto et son Engoulevent. Installé dans une salle du Musée d’Arts, devant le tableau de Soulages qui a déjà vu jouer plusieurs musiciens (ces pages s’en étaient fait l’écho), le Français proposa le même dispositif qu’à Pantin : petits orgues portatifs transformés (des appeaux à oiseaux ont remplacé les habituels tuyaux métalliques), alimentés par des tubes en plastique eux-mêmes commandés par un compresseur et une interface MIDI. Visuellement, l’ensemble nous parut moins intéressant que mi-mars, déjà parce qu’il ne s’agissait pas, pour nous, d’une nouveauté, mais aussi parce qu’avec un public assis sur des chaises, en arc de cercle face à l’Engoulevent, la sensation immersive était moins forte.
Musicalement, en revanche, le propos se fit plus immersif (un public concentré, porté par l’atmosphère muséale et pas de discussions parasites venant du bar ou du foyer, comme c’était le cas à la Dynamo), et on parvint à mieux distinguer les différentes composantes de l’instrument concocté par Clément Vercelletto, dont les bruits et sifflements provenant des appeaux. Pour relayer ceux-ci, il utilisa une guirlande de cloches, agitée par une tige en tissu qui céda alors qu’il parcourait l’espace scénique, ainsi que deux cornemuses différentes (une au début et une à la fin de son set). Pour celle choisie pour terminer, il coupa le compresseur pour une séquence tout juste soutenue par des notes tenues, provenant d’une grosse flûte approvisionnée par un autre mécanisme. Cela permit de conclure un concert qui était, auparavant, passé par une montée en puissance sonore allant jusqu’à un niveau assez élevé, jouant à plein sur le caractère enveloppant du dispositif tout entier.
le 02/04/2024