Mazen Kerbaj + Sharif Sehnaoui / + Jean Bordé + Martin Kuchen + Stéphane Rives

 date du concert

16/06/2006

 salle

Instants Chavirés,
Montreuil

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Instants Chavirés / Sharif Sehnaoui / Stéphane Rives

 liens

Stéphane Rives
Instants Chavirés

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Ayant très envie de découvrir le travail de Mazen Kerbaj on fait le déplacement ce soir jusqu’aux Instants Chavirés, également ravi de revoir Sharif Sehnaoui que l’on découvrait il y a quelques mois. Malheureusement cette découverte fut un peu gâchée par le fait que ce soir, Mazen Kerbaj ne se produisait pas en solo, ce qui rendrait forcément l’appréciation de son travail plus difficile.

C’est donc le duo Mazen Kerbaj (trompette) - Sharif Sehnaoui (guitare) qui assure la première partie devant un public peu nombreux alors qu’on imaginait que la salle des Instants chavirés serait pleine pour cette affiche...
Les deux artistes sont placés au centre de la salle, contre le mur opposé au bar, le public étant placé en arc de cercle autour d’eux. Mazen Kerbaj prend la parole pour expliquer que ce duo est leur plus ancienne formation, débutant donc ensemble la musique, et qu’il s’agit ici de leur premier concert ensemble aux Instants chavirés
Premier set entièrement acoustique pendant lequel on se concentrera principalement sur le jeu de Mazen Kerbaj que l’on découvrait donc à cette occasion. Si dans l’improvisation le jeu consiste souvent à produire des sonorités inhabituelles pour l’instrument sollicité, Kerbaj va beaucoup plus loin puisqu’il réinvente complètement la façon d’utiliser son instrument par ailleurs particulièrement customisé. Un long tuyau (interchangeable) prend place entre le corps et l’embouchure de sa trompette, il démonte des coulisses au milieu de son jeu, et il tient cette trompette à la verticale entre ses genoux, pavillon tourné vers le plafond. Son jeu consiste principalement à placer sur le pavillon divers objets qui vibrent selon le souffle de l’artiste. Gobelets en plastique, couvercles métalliques de boites de gâteaux, empilage de couvercles de boites de conserve provoquent tour à tour frétillements ou bruits de casseroles. Étant plus proche de Kerbaj on aura un peu de mal a apprécier la part revenant à Sharif Sehnaoui, mais on reconnaîtra son jeu, frappant contre le corps de sa guitare, ajoutant d’autres frétillements en coinçant des tiges métalliques entre les cordes de son instruments, ou nous faisant penser à un chirurgien en plaçant méticuleusement ces tiges à proximité des cordes.
Pour le deuxième morceau, beaucoup plus court, Mazen Kerbaj a remonté sa trompette qu’il tient de façon plus classique, créant toute une variété de souffles et chuintements, jouant beaucoup de coups de langue contre l’embouchure de son instrument pour créer un nouveau type de frétillement. Sharif Sehnaoui de son côté plaque une longue antenne "cibi" contre le corps de sa guitare, créant des effets percussifs, comme des claquements rebondissants. On préférera cette deuxième partie au jeu de trompette plus classique ou plutôt avec moins d’artifices.

Une petite demie heure a suffit pour ce premier concert, et une pause fut proposée en attendant la deuxième partie qui nous permettrait de retrouver Mazen Kerbaj et Sharif Sehnaoui, entourés de Jean Bordé à la contrebasse, Martin Kuchen au saxophone, et Stéphane Rives au saxophone soprano. En fait on hésita un petit moment sur le fait de rester pour cette deuxième partie, ce que l’on fit en définitive.
Changement de technique encore une fois pour Mazen Kerbaj qui se sert de l’embouchure d’un ballon de baudruche, accrochée au corps de sa trompette, produisant encore un nouveau type de frétillements. Plus tard il jouera avec divers type de sourdines, pendant que Martin Kuchen lui également garni le pavillon de son saxophone avec divers accessoires pour en modifier le son. Jean Bordé alternera entre jeu à l’archet et cordes pincés avec quelques coup savamment placés contre le corps de son instrument. On trouvera Stéphane Rives trop discret, et on aura du mal à apprécier pleinement le jeu de Sharif Sehnaoui, placé à l’autre bout de la salle puisque nous étions sur un côté.
Si l’on ne put réellement apprécier le jeu de chacun, le groupe produisit un fort joli set, finalement assez facile d’accès, chacun à tour de rôle créant un son accrocheur, une note limpide, un accord, pendant que les autres créaient une densité mouvante, des tensions, pour un premier morceaux globalement assez sombre et un étonnant final cut-up. Le deuxième morceau fut quant à lui très orienté frétillements, avec un petit ventilateur frottant contre le pavillon du saxophone de Martin Kuchen, souffles saccadées, et des graines qui tombent dans une coupelle. Ici encore, un set assez perturbé, dérangé, quelques élans, toujours contenus.

Fabrice ALLARD
le 25/06/2006

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