Kishino You-Ichi / Gangpol Und Mit / Spaceponch / Applehead

La soirée commence mal pour nous puisqu’on rate la majeure partie du concert d’Applehead. Applehead est le nouveau projet de Mayutan, qui par ailleurs dessine, coud et fait de jolis costumes. Dans le passé elle chantait dans le groupe de pop décalée Masakosan. Aujourd’hui son nouveau groupe donne plutôt dans l’électro-pop. Pour ses concerts Mayutan est affublée d’un costume de chat en fourrure rose du dernier chic. Bon après quand elle déambule dans la salle elle est obligée de tenir sa queue pour ne pas que l’on lui marche dessus, mais les oreilles roses sur la tête, y-a pas à dire, c’est kawaï.

Spaceponch prend le relais. Il s’agit du premier des deux projets que Kishino You-Ichi présente ce soir. Il mime un crooner lounge, torse nu sous sa veste noire et pantalon blanc, sa fine moustache parachevant le personnage. Il danse sur les musiques pop-sixties de Raymond Scott et Mark Weitz ou sur un air cinématographique de Bacharach ou d’un film de Tati. Derrière lui l’accompagnent une organiste et un musicien en costume argenté qui joue d’une sorte de theremin. Il ne manque vraiment pas grand chose pour qu’on se croit dans un piano-bar à Hawaii.

Gangpol und Mit viennent de moins loin (Bordeaux en l’occurence). Gangpol fait la musique et Guillaumit les visuels projetés (et c’est bien marqué sur leurs ordis respectifs pour qu’on sache qui fait quoi). Leur électro a des sonorités vintage et des rythmes frénétiques, Gangpol chantonne parfois dans un vocoder en forme de fleur, pianote un clavier pour enfants. Rien de bien nouveau dans les moyens, certes, mais voilà ils le font exactement comme il faut ! C’est dansant, ça pourrait aussi servir de fond sonore aux apéros de l’été, et les graphismes font toujours mouche.

Enfin c’est le retour de Kishino, déguisé cette fois-ci en veuve moustachue (une veuve élégante, avec chapeau à voilette). Il chante son quotidien et ses émois. Le côté poppy des comptines ne semble pas cadrer tout-à-fait avec l’interprétation on ne peut plus expressive de Kishino (oui, la veuve a souvent les mains entre les cuisses). La réaction des japonais dans le public confirme que les paroles ne doivent pas être tristes. Un des grands talents de Kishino, c’est qu’il ne donne pas l’impression de se moquer des personnages qu’il interprète, ils sont un peu kitsch bien sur, mais ils ont du panache !

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 29/06/2006