Quinzaine des Cinéastes 2024 - Reprise de la sélection

 date

du 05/06/2024 au 16/06/2024

 salle

Forum des Images,
Paris

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Reprenant son principe de « Quinzaine en salles », avec la diffusion des 21 films dans une trentaine de salles en France métropolitaine, la Quinzaine des Cinéastes conserve également son lien avec le Forum des Images. Aux côtés de ces nouveautés, la salle parisienne proposa quelques courts et longs-métrages réalisés précédemment par les cinéastes, histoire d’exposer d’où chacun vient. Cette nouvelle forme de programmation conduisit, ce qu’on peut sincèrement regretter, à ne diffuser qu’une seule fois chaque film ; par suite, notre recension de cette 56e édition se limitera à quatre longs-métrages, piochés dans la sélection. Comme l’an passé, celle-ci fit une belle part à des noms complètement inconnus et, sur le plan géographique, accueillit un nombre contenu de films français (5, comme en 2023), une belle présence d’États-uniens indépendants (4) et le retour de l’Amérique du Sud, absente l’an dernier, avec 3 propositions : brésilienne, chilienne et argentine.

C’est d’ailleurs avec ce film argentin qu’on débuta notre regard sur cette sélection 2024. L’œuvre d’Hernán Rosselli navigue aux confins de la fiction puisqu’il est parti d’une matière réelle, autour de la famille Felpeto, à la tête de paris clandestins dans la banlieue de Buenos Aires, dont Maribel, trentenaire, retrace le parcours. Souvenirs vidéo domestiques, images de vidéosurveillance et prises de vue fictionnelles contemporaines se mêlent, dans un montage assez serré, pas toujours lisible. Dans la dernière demi-heure, le propos s’éclaire et vient, par rebond, reconsidérer notre réception de Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d’emprunté (Algo Viejo, Algo Nuevo, Algo Prestado) qui, au-delà des passages attendus, quasi-clichés du film de gangsters (rivalités de bandes, passage au casino, prise de cocaïne, bagarres en boîtes de nuit, dégainement du pistolet à tout-va), se manifeste par un traitement formel assez intéressant, notamment avec son format 4/3 et ce bruit de fond incessant des chiffres des paris communiqués par téléphone par les petites mains du gang, puis tapés sur des ordinateurs vintage par la mère et la fille de la famille.

Autre film en langue espagnole, Septembre sans attendre (Volveréis, titre plus littéralement proche de l’intrigue, mais son adaptation en français est certainement plus poétique) confronte Ale et Alex, couple d’un peu moins de 40 ans et vivant à Madrid, qui décide de se séparer après quinze ans de relation, et souhaite célébrer cela par une fête avec tous leurs proches. La comédie de remariage point assurément vite, avec une suite de dialogues savoureux et de situations cocasses ou tendres, servies par des interprètes attachants. Mais Jonás Trueba sait dépasser son sujet et ce format un peu programmatique par un travail sur la forme, introduisant des méta-éléments puisqu’Ale est réalisatrice et Alex acteur. Le spectateur s’interroge, par suite, sur le vrai et le faux, le premier et le second niveau de lecture, dans ce long-métrage qui, par exemple, intègre des inserts s’adressant directement au public. L’ensemble, possiblement un peu trop étiré, séduit alors et nous invite à suivre ce réalisateur dont, jusqu’à présent et malgré des sorties régulières depuis quelques années, nous n’avions jamais vu de films.

De Sophie Fillières, nous avions le souvenir d’œuvres dans les années 2000 (Aïe, Gentille) à la fois légères et un peu décalées, plutôt discrètes dans leurs développements mais avec un certain charme. Décédée au moment de terminer ce nouvel effort, la réalisatrice française avait laissé le soin à ses enfants, Agathe et Adam Bonitzer, de conclure Ma Vie Ma Gueule, long-métrage qui nous parvient, donc, avec une émotion évidente. Porté par Agnès Jaoui (quasiment de tous les plans), le film prend pour point de départ cette situation éculée de la crise de la cinquantaine chez une femme séparée du père de ses enfants, doublée d’une transparente volonté autoportraitiste (« autoportrait-triste » ?). Mais le mélange entre cette mélancolie dépressive et le nonsense assumé ne prend pas. L’aspect absurde et décalé se montre trop poussé (pas forcément dans ses effets, mais dans son air de ne pas y toucher, sans toutefois aller jusqu’au bout de certaines démarches) et les personnages restent trop en surface. Cela nous fit nous extraire rapidement d’une réalisation qui manque cruellement de rythme (scènes étirées, séquences répétées, « gags » réitérés). Dès connaissance du nom de l’héroïne, tout sembla dit et on décrocha, avec cette idée de faire signifiant trois fois : « Bichette » comme nom de famille, « Barberie » comme prénom et « Barbie » comme diminutif.

On termina ce court panorama en Corse, avec À son Image, adaptation du roman de Jérôme Ferrari qui retrace, sur une vingtaine d’années (à partir de la fin des années 1970), la trajectoire politique de l’île en même temps que l’évolution d’une jeune photographe. Afin de dépeindre cette double évolution, Thierry de Peretti prend des partis pris assez forts, tel celui de ne pas faire vieillir les personnages, option un peu déroutante mais qui permet de rester en dehors des artifices et de montrer la permanence d’un sujet ici traité avec, parfois, un peu de complaisance envers le nationalisme, bien que le long-métrage en montre aussi les limites. Quelques scènes se font démesurément étirées (le concert de polyphonies corses au début, la chanson Salut à toi de Bérurier Noir en intégralité) tandis que la voix off du narrateur omniscient marque trop l’origine romanesque du film et qu’un léger didactisme n’est pas toujours évité (cette voix off, ou bien la scène finale avec des collégiens). Pour autant, À son Image constitue un beau double portrait (de l’île et de la jeune femme), servi par une bande-son justement choisie (outre les références déjà citées, mentionnons Étienne Daho, Galaxie 500 et même deux morceaux du duo Loscil & Lawrence English) et des choix intéressants tel celui de filmer les scènes collectives d’un peu loin, manière de noyer les individus dans un ensemble (le groupe, la montagne, la mer) plus grand qu’eux, comme un écrasant déterminisme local qui les pousserait, malgré eux, à la radicalisation.

Dates de sortie en salles :
  Septembre sans attendre : 28 août 2024
  À Son Image : 4 septembre 2024
  Ma Vie Ma Gueule : 18 septembre 2024
 Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d’emprunté : 19 mars 2025

François Bousquet
le 17/06/2024

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