30/06/2006
Chapelle des Carmélites,
Toulouse
Pour la troisième année consécutive, nous voici en déplacement à Toulouse pour les fameuses Siestes Électroniques. En fait cette année, rien dans la programmation ne nous faisait réellement flasher. On aurait pu opter pour le deuxième week-end et revoir Ensemble ou Opiate que l’on aurait presque oubliés vu la rareté de leurs prestations, découvrir Avia Gardner et Ada tandis que Schneider TM nous aurait encore énervé. Au lieu de ça, on vient pour le premier week-end pour voir Tellemake en live alors qu’on l’a raté il y a quelques semaines au Project 101, et plein d’autres choses entendues à droite à gauche mais que l’on n’avait jamais vu en concert (Midaircondo, A Hawk And A Hacksaw, Legowelt).
Ce premier week-end était aussi l’occasion de voir ce nouveau projet de Kevin Blechdom avec The Spankings, duo guitare-batterie au sein duquel on retrouve Taylor Savvy (Kitty-Yo) en remplacement du projet Our Aura Hour monté avec PlanningToRock.
Pour cause de problème lors des balances, le spectacle commence un peu plus tard que prévu tandis que le public arrive tout doucement (effet coupe du monde ??). Comme il y a deux ans avec Sink et Richard Devine, c’est dans la magnifique chapelle des Carmélites que le rendez-vous est fixé. Celle-ci est vide, et les seules places assises étant disposées le long des murs, on se dit que le spectacle sera autant dans le choeur que dans la nef de la chapelle.
Vers 21h30, Kevin Blechdom arrive au bras du programmateur du festival, vêtue d’une grande robe à froufrous d’un jaune-vert passé. Prenant place au clavier, elle débute son concert par une mélodie d’harmonium aux hésitations calculées, introduction parfaitement adaptée au lieu. Et puis le laptop s’en mêle, diffusant une grande partie de la musique pré-enregistrée pendant que la miss plaque quelques accords et mélodies au clavier. Et puis quand elle se met au chant, on retrouve ce que l’on connaissait déjà d’elle, ces influences de musiques et chorégraphies de cabaret, ou folk déglingué quand elle se lance dans un duo laptop/banjo. Ça fonctionne toujours aussi bien, et sa voix y est certainement pour beaucoup, à la fois très enjouée dans le tempo mais souvent emprunte d’une certaine gravité, haut perchée et menaçant de se rompre, entre piaillement légers et éraillements graves.
Un morceau à part, chant timide a cappella, nous rappellera le concert de Bjork à la Ste Chapelle, mais à la manière d’une parodie, Kevin Blechdom s’arrête net en plein milieu, bafouillant un truc incompréhensible mais que l’on interprétera par un "bon j’arrête là, c’est vraiment n’importe quoi !".
Par contre, tout se déroule dans le choeur de la chapelle : pas de grande chorégraphie envahissant la nef...
Au bout d’une vingtaine de minutes, elle lance un morceau enjoué sur son laptop et quitte la chapelle sous les applaudissements. Suspense... et puis ce sont deux hommes qui débarquent, l’un en jogging mauve pastel, l’autre, Taylor Savvy en rockeur 60s, et prennent place respectivement à la batterie et guitare. On aura alors globalement droit tour à tour à un rock désenchanté ou incisif dont on ne comprendra pas bien l’intérêt. Pas mauvais, mais très inégal. On préférera leur version du karaoke, diffusant une boucle de voix soul très efficace, au sein de laquelle le batteur intercalera ses percussions, rompant du même coup l’aspect répétitif de la boucle. Bientôt, le guitariste reprendra le chant, un peu plus écorché.
Quand Kevin Blechdom revient, ce n’est que pour un titre (réussi certes) avec les Spankings, puis elle reprendra son concert là où elle l’avait arrêté, confirmant l’alternance plutôt qu’une réelle collaboration avec Taylor Savvy. Toujours grandiloquent, laptop qui joue tout seul, chant proche du cri et grand claquements de cymbales, impression de voir une comédie musicale, chorégraphie théâtrale, l’aspect cabaret décadent prend ici tout son sens.
Nos deux rockeurs reviendront pour une dernière partie sur laquelle on ne s’attardera pas. Ils demanderont à tout le monde de se rapprocher d’eux, et de part cette nouvelle configuration, on aura vraiment l’impression que la chapelle des Carmélites se transformait en une salle de concerts rock underground. Sur le dernier morceau Kevin Blechdom rejoindra le duo pour un joli, mais anecdotique dialogue banjo/guitare.
On restera circonspect quant à cette performance qui confirmera surtout le talent de Kevin Blechdom.
le 01/07/2006