Zelienople

Si Zelienople a encore laissé passer du temps entre deux albums (quatre années cette fois-ci, après cinq ans la fois précédente) et a changé de label (se retrouvant chez les Français de Shelter Press, aussi bien producteurs de livres que de disques), le registre musical suivi par le trio demeure voisin de celui de Hold You Up, avec cette sorte de post-rock sombre, au tempo plutôt lent, porté par la voix de Matt Christensen et par quelques lignes mélodiques plus claires.

La conjonction de la guitare électrique et des clarinettes de Brian Harding peut venir créer une forme de tension, soulignée par les frappes sur les toms de Mike Weis, tandis que des traits électriques transpercent un titre comme In This Town Again. Le caractère opaque ne prend, toutefois, jamais complètement le dessus, par la grâce de l’intervention de la six-cordes ou bien du vibraphone de PM Tummala, invité par les États-uniens sur quelques morceaux (Hold In My Hands, Make The Whole Town Decay).

La régularité de la batterie et la répétition des mêmes phrases ou refrains, participent de la mise en place de chansons aux atours itératifs, créant des sortes de boucles un peu ensorcelantes (Wishing Wells), propositions dont la construction côtoie celles de morceaux à la fin un peu abrupte, presqu’au milieu d’une phrase, comme si Zelienople avait peur d’en faire trop (Hold In My Hands). Plus généralement, d’ailleurs, les musiciens font le choix de rester plutôt en surface, dans un environnement assez cotonneux, sans brusquer l’auditeur, le conviant à une introspection et à une certaine divagation nullement désagréable.

François Bousquet
le 10/09/2024