du 10/09/2024 au 31/10/2024
Fondation d’entreprise Ricard,
Paris
Poursuivant l’évolution entreprise il y a quelques années, lorsqu’il s’est accompagné, au-delà de l’exposition automnale, d’un travail tout au long de l’année, le Prix de la Fondation Pernod Ricard a fait le choix, pour sa 25e édition, de récompenser les sept artistes nommés. Très démocratique, ce geste peut être salué pour cette édition-anniversaire, mais n’aurait, à nos yeux, pas forcément intérêt à être renouvelé, au risque de finir en « école des fans » et en un simple panorama. Pour cette année 2024, la commissaire Arlène Berceliot Courtin a sélectionné des plasticiens qui nous étaient jusqu’alors inconnus, hormis Paul Maheke, qui avait déjà concouru pour le Prix 2019 (foulant une fois de plus la soi-disant interdiction de participer deux fois) et que nous venons de recroiser au Crédac. Cette appétence pour la jeune génération confirmait les velléités découvreuses de cette manifestation, réunissant des artistes autour de la circulation des affects et sentiments.
Plutôt que cet aspect émotionnel, c’est le dialogue entre intérieur et extérieur qui nous a marqués pendant notre visite, à l’image de ces panneaux publicitaires de kiosques et abribus que Mona Varichon fait rentrer dans l’enceinte du lieu d’exposition, par l’entremise de photographies prises dans les rues parisiennes. Autres éléments urbains, les grands cartons (entre 1m50 et 2m de côté) retravaillés par Clémentine Adou se trouvent doublés de feuilles d’aluminium ou recouverts de peinture verte, constituant des abris un peu moins rudimentaires qu’à l’ordinaire. Avec les toiles de Charlotte Houette, le regard est invité à courir vers l’extérieur, vers ce point de fuite constitué par les évidements faits au centre des peintures, avec cette petite fenêtre qui laisse voir le châssis (The Decline Of Western Civilization et The Decline Of Western Civilization II) ou une autre couche sédimentaire (Untitled (Green)).
En parallèle, Paul Maheke invite à l’introspection avec ses rideaux rosés et son installation inspirée du spiritisme, masquant partiellement quelques œuvres au crayon, tandis que HaYoung empile, un peu paresseusement, des particules d’emballage au sol. Deux propositions vidéos pour finir, avec le quadriptyque de Madison Bycroft qui retrace une aventure bricolo-lo-fi autour du cycle de l’eau, et, de manière plus convaincante, le film de Lenio Kaklea, situé entre langue des signes et chorégraphie au ralenti. Dans une usine désaffectée, au bord de mer, cadrée de face ou de dos, la jeune femme interprète, et se filme en plan fixe, des gestes assez appuyés et que le spectateur essaye de décrypter. À défaut d’y parvenir vraiment, on se trouve plutôt happé par l’environnement qu’elle habite avec application, allant de l’intérieur (l’usine) à l’extérieur (le bord de mer).
le 21/10/2024