22/07/2006
Librairie-Galerie "En Marge",
Paris
C’est une chaude soirée typique de l’été parisien. À l’heure de l’apéro, le haut de la rue Jean-Pierre Timbaud, quand on se rapproche de l’enceinte des fermiers généraux, est envahi par les clients des cafés. Au milieu de cette agitation, quelques têtes connues patientent devant la galerie En Marge.
FRed Nipi joue le premier, pour un set assez court. À l’origine du son, il y a un micro-contact. Il le place dans sa bouche et le mordille, ou bien le fait tournoyer à toute vitesse. De sa main libre, il s’active sur son attirail, tourne des boutons, débranche et rebranche des câbles. Cela donne un gros grésillement modulé d’où ressort le côté analogique, voire organique, bien loin des sons de synthèse que l’on pourrait obtenir sur un laptop. Le concert monte en puissance, il s’énerve, on craint qu’il ne finisse par faire basculer la tablette qui soutient son matériel, et tout s’achève brusquement. Comme d’habitude, c’était parfait, ce qui n’est pas étonnant pour le pape de la noise parisienne.
Une petite pause pour avoir un peu d’air frais, et c’est au tour de Family Battle Snake d’entrer en lice. Il s’agit normalement d’un duo, composé de Bill Kouligas et Harry Astras, qui a établi sa base de manoeuvre à Londres. On pourrait les rapprocher d’une internationale de la noise psychédélique qui comprendrait Double Leopards, Hototogisu ou Birchville Cat Motel. Ils sont ce soir rejoints par Anla Courtis, membre de du groupe argentin Reynols. Kouligas fait jouer des lecteurs de cassettes, geint dans un micro, et applique des distorsions au sons produits. Astras est accroupi devant sa guitare, fait vibrer les cordes avec un e-bow et retraite le larsen obtenu. Visuellement, le plus intéressant des trois est Courtis, qui se contente de faire évoluer un gros larsen de guitare, en faisant tournoyer son instrument et en le balançant devant l’ampli. Il joue également sur une guitare faite-maison, une planche de bois avec une corde tendue, et approche ainsi une certaine épure : il n’a en effet pas besoin de plus de matériel pour produire sa musique. Les trois nappes de sons en se mélangeant produisent une mélopée lancinante.
le 31/07/2006