du 26/09/2024 au 02/10/2024
Cinémathèque Française,
Paris
Avec ses dix films en compétition, venant de tout le continent (comme chaque année, chaque pays n’était représenté que par deux films maximum), le Festival Biarritz Amérique Latine exposait son traditionnel panorama du cinéma sud-américain. Le palmarès, récompensant six des dix longs-métrages, traduisait une certaine homogénéité de cette sélection qui se trouvait accompagnée, cette année, d’un focus sur l’Argentine. Pour autant, ce fut plutôt le cinéma brésilien qui fut récompensé, et repris pour la soirée parisienne, puisque court et long métrages diffusés à la Cinémathèque provenaient d’un pays sortant tout juste des années Bolsonaro.
Précisément, c’est le terrain politique qu’emprunte A Visita, court-métrage salué d’une mention du jury, forgé à partir d’archives Super 8 retraçant la visite d’un Lula, à peine quadra, à Recife en 1982. Accueilli dès sa descente d’avion par des militants conquis, dans un contexte où la dictature militaire était au pouvoir, le leader du Parti des Travailleurs (PT) se trouve suivi à la trace par plusieurs petites caméras au long de cette journée : déambulation, rencontres avec le peuple, repas, sieste… La voix off d’Ivan Cordeiro resitue cette séquence et retranscrit l’espoir d’alors, tandis que Lula digresse sur le processus électoral, sur le nombre de sièges gagnable aux élections à venir, sur qui doit prendre la parole en meeting, sur la représentativité des travailleurs, etc…
Cet attachement à la forme (il est également souligné que Lula est en jean et t-shirt, à la différence des autres hommes politiques cravatés) s’avère cohérent avec ce court-métrage de trente minutes, montage d’images Super 8 parfois un peu heurté. En creux, on regrettera l’absence totale de propos véritablement politique : aucune proposition, aucune prise de position sur le fond, aucun discours réformiste, aucune critique d’action du pouvoir en place, etc… En outre, une telle proposition filmique témoigne assurément du charisme de celui qui deviendra, plus tard, triple Président du Brésil, mais également de la personnification à outrance du PT, voire de la starification de Lula.
À l’image de son premier long-métrage, Corpo Elétrico, sorti sur les écrans français en 2018, Marcelo Caetano s’attache, dans Baby, à un jeune gay dans le São Paulo contemporain. Dès le titre (ce surnom que Wellington adopte rapidement), on imagine qu’il va être question de famille : celle qu’on quitte et celle qu’on choisit, celle qui nous accueille et celle qui nous repousse, etc… Tout au long des cent minutes du film, le héros va passer de l’une à l’autre, comme des bras d’un « daddy » à l’autre, dans un São Paulo queer où la violence et les différents trafics ne sont jamais loin.
Présenté à la dernière Semaine de la Critique cannoise, Baby, lauréat de l’Abrazo du meilleur film de fiction, opte pour un filmage à la belle sensualité, au plus près d’acteurs à l’interprétation très juste. Si la trajectoire de Wellington est un peu trop attendue (avec l’inévitable passage en boîte de nuit, au son du Laissez-moi danser de Dalida), le fait qu’un tel film, qui a mis sept ans à se faire, puisse exister dans un Brésil qui se remet à peine d’une présidence d’extrême-droite constitue, en soi, une satisfaction.
Date de sortie :
– Baby : 19 mars 2025
le 10/10/2024