du 18/09/2024 au 03/02/2025
MAAT,
Lisbonne
Élégant bâtiment en forme de vague, situé le long du Tage, peu avant Belém, et qu’on rejoint en empruntant une passerelle fuselée, le MAAT (Musée d’Art, Architecture et Technologie) a ouvert en 2016. Porté par la Fondation EDP (Électricité du Portugal) et accolé à une ancienne centrale électrique, il déploie ses expositions dans ces deux édifices (l’historique, dénommé « Central », et le nouveau, appelé « Gallery »). C’est au rez-de-chaussée du premier des deux, dans une atmosphère encore chargée du passé des lieux, que se tient une rétrospective dédiée à William Klein.
Figure bien identifiée de la photographie de mode et de la photographie de rue, le Franco-Étatsunien se voit offrir plusieurs salles successives, pour un parcours thématique et non-chronologique. Comme souvent, une telle option amène à quelques doublons ou rapprochements un peu forcés : on trouve, ainsi, des clichés très voisins (femmes gracieuses tenant un miroir sur un rooftop new-yorkais) dans la section Looking Back (globalement dédiée à la photographie de rue) et dans Together (partie réunissant des photos de groupe). Au-delà, l’exposition permet de saisir les différentes facettes du travail de William Klein, et notamment d’aller plus loin que les images un peu iconiques (portraits d’Éric Cantona, Serge Gainsbourg ou Karl Lagerfeld, suivi d’un combat de Mohammed Ali, quelques images de rue utilisées comme visuels illustratifs) avec la mise en avant de son œuvre de cinéaste ou ses créations moins figuratives.
Plusieurs scènes de tournage de Qui êtes-vous Polly Magoo ? côtoient, ainsi, la diffusion de Broadway By Light, documentaire d’une douzaine de minutes, datant de 1959, ouvert par une citation de Chris Marker (« The Americans invented jazz to make up for death/the star to recover from women/to comfort themselves in the face of the night, they invented Broadway ») et dédié aux néons de Times Square. Une salle (Material Gestures) s’attache, en outre, aux travaux plus abstraits de Klein, entre expérimentations et recherches sur le matériau photographique.
Revenant aux photos de personnes, on sera davantage intéressé par celles prises dans une forme d’immédiateté (qu’on imagine un peu fictive, cependant), telle ces deux superbes femmes (deux faces d’une même personne ?) traversant une porte-tambour tout en fixant l’objectif du Franco-Étatsunien (Tilly + Wilhelmina, Park Avenue, New York, Etats-Unis, 1963). Possiblement un peu trop serré, l’accrochage fait le choix de la densité, renforcée par le dédoublement de certains clichés (dont le précité) dans de très grands formats en stickers directement sur le mur, derrière les cadres photos. Le regard du visiteur éprouve, alors, quelque difficulté à se concentrer, attiré par un éclat de couleur provenant d’un tirage dénotant parmi un ensemble plutôt noir et blanc, ou se détournant de la ligne de cadres juxtaposés pour revoir la photo adhésivée en arrière-plan. Mais, en vérité, il y a là une certaine similitude avec le sentiment quelquefois éprouvé dans la rue, avec son accumulation de stimuli visuels.
le 31/10/2024